Édito

Confiance entamée

Confiance entamée
Pierre Maudet mercredi lors du point de presse du Conseil d'Etat. CEDRIC VINCENSINI
Affaire Maudet

En maintenant Pierre Maudet dans l’essentiel de ses fonctions, le Conseil d’Etat genevois joue un jeu dangereux. Car à renoncer à lui imposer une saine période de repos pour préparer sa défense, le gouvernement donne l’impression de le ménager, voire de le protéger, malgré la gravité des accusations. Le Conseil d’Etat trouve approprié d’être représenté, et avec lui le canton de Genève, par un magistrat poursuivi pénalement! Et que cette même personne ayant manqué à son devoir d’exemplarité dirige la police!

Mercredi, le gouvernement annonçait des mesures cosmétiques alors que Pierre Maudet venait de lui avouer s’être bien fait payer son luxueux voyage par la maison princière d’Abu Dhabi et d’avoir menti. Faute de prendre une distance claire avec ce collègue à la crédibilité réduite à néant, la confiance n’est plus seulement entamée envers ce Pinocchio, mais aussi envers le Conseil d’Etat. Les ministres de gauche et du MCG, par couardise, ont fait là leur première faute politique de la législature. Le premier faux pas remontant à la désignation de M. Maudet à la présidence alors que ses explications rocambolesques et l’acceptation d’un cadeau auraient dû imposer prudence et lucidité.

Refusant de répondre au feu des questions des journalistes, Pierre Maudet a comme à son habitude cherché à maîtriser sa communication en choisissant d’aller à confesse chez le curé cathodique Pascal Décaillet sur la télé locale Léman Bleu.

Ainsi, on aura appris que mentir comme un arracheur de dents à la presse, à la population, à son parti, au gouvernement et aux députés se traduit par «cacher une partie de la vérité». Tout faire pour sauver sa peau se dit «chercher à préserver sa famille» à qui personne, à aucun moment, n’est venu chercher des poux. Enfin, on découvre que l’implacable Pierre Maudet, sans pitié pour ses subordonnés qui ont trahi sa confiance ou encore les migrants jetés dans les vols spéciaux, demande aux Genevois de lui pardonner pour une faute que lui-même n’excuserait pas. Jouant la corde sensible, il se prend tout de même dans son piège: comment, sinon dans les urnes et donc en démissionnant pour se représenter, les Genevois pourraient-ils lui dire s’ils lui passent ou non l’éponge?

Il est ici bien trop question de pardon. Car le mensonge ne fait qu’aggraver la faute d’avoir accepté un avantage venant d’un Etat étranger. Qu’il y ait eu ou non retour d’ascenseur, le conseiller d’Etat s’est placé en état de soupçon permanent, jetant en particulier le doute sur la probité avec laquelle l’Aéroport doit être dirigé. Alors que lui-même appelait à une législature placée sous le sceau de l’apaisement, ne devrait-il pas en tirer les conséquences et se mettre en retrait pour assurer une certaine sérénité au canton? A ses soutiens sans faille, rappelons que personne n’est irremplaçable.

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