Certaines choses ont changé depuis le XVIIe siècle, date de fondation de la Fête des vignerons. Pour l’édition 2019 de l’événement veveysan qui survient une fois par génération, des invités de marque se voient dérouler le tapis rouge: Nestlé, Feldschlösschen, Gruyère AOP et Vacherin fribourgeois… Avec contrats d’exclusivité dans les stands officiels.

Pour un événement célébrant Bacchus et Cérès inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, les contrats avec Nestlé Waters sonnent faux. Exit, les jus de fruits locaux que les petits commerçants souhaitaient mettre en avant. Dehors, la tomme vaudoise. Ejectée, la bière artisanale. Côté crème glacée, un artisan tiendra bien un stand mais le reste sera fourni par Nestlé.

La Fête veut «faire mieux connaître le patrimoine viticole et touristique de Lavaux et du Chablais vaudois». Cela semble mal parti, malgré les exceptions promises ou les strapontins prévus – quelques îlots où trouver des produits triés sur le volet. Il est regrettable que cette fête folklorique séculaire, à laquelle les Veveysans sont attachés, se plie aux exigences des multinationales. Sous un vernis «terroir» si tendance se cache en réalité un énorme business (100 millions de francs de budget). Au risque de perdre son âme?

Vevey n’est pas seulement le siège de Nestlé. Un fort mouvement décroissant et en faveur de la promotion de produits locaux y plonge ses racines. Il n’y a qu’à observer la multitude de petits commerces qui se sont développés et d’aliments artisanaux proposés dans la restauration. Cette Fête devrait être l’occasion de les promouvoir, ainsi que les gens qui en sont à l’origine. Et non pas d’offrir une vitrine à des multinationales en leur offrant un tremplin pour leur juteux commerce. Des négociations sont en cours, pour mieux intégrer la production locale. Il est donc encore temps d’agir.