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Du néocolonialisme à la désobéissance civile

Du néocolonialisme à la désobéissance civile
Le sommet de l'Union européenne consacré aux questions migratoires, les 28 et 29 juin 2018. KEYSTONE
Migration

La Méditerranée, eldorado ensoleillé pour les vacanciers en ce début d’été. Mais aussi tombeau abyssal pour les migrants tentant de la traverser au péril de leur vie. Deux réalités antinomiques, déroulant en parallèle leur chronique respective. A peine Donald Trump avait-il annoncé que les enfants mexicains entrés illégalement sur le territoire étasunien ne seraient plus séparés de leurs parents – puisqu’ils seraient emprisonnés avec eux – que l’Union se félicitait de renforcer encore un peu plus la forteresse Europe. Davantage de contrôles aux frontières. De centres de détention. De moyens pour les garde-côtes libyens. Et une nouveauté: des «plates-formes de débarquements» de migrants en Afrique du Nord pour les dissuader de venir jusqu’à nous. Le néocolonialisme n’est jamais à court d’idées. Pour l’humanitaire et le respect des droits fondamentaux, on verra plus tard. Et si possible jamais.

Cet accord de façade, qui n’engage à rien, a soigneusement évité les sujets qui fâchent, en premier lieu la réforme de l’inique règlement de Dublin. Et que dire des déclarations du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, qui a prévenu que les ports de la péninsule seraient fermés tout l’été aux ONG secourant les migrants en Méditerranée, en dépit des conventions maritimes?

Oubliés la guerre, le chaos, la misère instrumentalisés par l’Occident. Oubliés les flots de réfugiés portés par la force du désespoir. Oubliés le petit Aylan, le visage dans le sable sur une plage turque, les trois bébés morts et la centaine de personnes portées disparues ce week-end lors d’un naufrage au large des côtes libyennes, dernières victimes d’une liste sans fin, un millier rien que depuis le début de l’année, selon les Nations Unies.

Mais pas oubliés partout, loin s’en faut. Une part non négligeable de la population européenne vient en aide aux exilés de façon admirable. Tous les jours, des vies sont sauvées grâce aux interventions d’une multitude d’associations forçant le respect, sur terre comme sur mer. De gouvernements aussi. Ainsi le tout nouveau chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a accueilli le bateau humanitaire Aquarius après des jours d’errance.

Car lorsque les valeurs universelles qui ont fondé l’Europe – les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’Etat de droit – sont piétinées par ses dirigeants, il revient aux individus d’entrer en résistance, dans le discours et par les actes. Comme les «trois de Briançon», l’agriculteur de la vallée de la Roya dans les Alpes maritimes, la conseillère communale verte Léonore Porchet à Lausanne ou encore la députée tessinoise socialiste Lisa Bosia Mirra. Quand la solidarité devient un délit, protéger et secourir deviennent une obligation morale.

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