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La question était bonne…

La question était bonne…
L'initiative Monnaie pleine propose d’octroyer un monopole en matière de création de monnaie scripturale à la Banque nationale suisse. KEYSTONE
«Monnaie pleine»

L’initiative dite Monnaie pleine sur laquelle les Suisses voteront ce dimanche n’a guère de chances de passer. Selon les derniers sondages, seul un tiers des électeurs semble prêt à soutenir ce texte qui se propose d’octroyer un monopole en matière de création de monnaie scripturale à la Banque nationale suisse (BNS).

L’initiative pose pourtant de bonnes questions. L’avidité et l’aventurisme des banques ont coûté cher aux contribuables. La crise des subprimes en 2008 a mis à genoux des régions entières, engendré une instabilité géopolitique au Moyen-Orient et ouvert une séquence politique nouvelle, attisant les mouvements néopopulistes, que l’on songe au Brexit, à l’élection de Donald Trump où au vote de l’initiative de l’UDC dite «contre l’immigration de masse».

Tenter de juguler ce capitalisme sauvage, voire de lui apporter une alternative, est une urgence. C’est le mérite de ce texte d’avoir osé une remise en cause fondamentale du système monétaire. Parfois, les coups de pied dans les fourmilières ont du bon. Reste que cette initiative a aussi des défauts. A commencer par son caractère hors-sol. Il convient toujours de se méfier des bonnes âmes qui entendent résoudre nos problèmes en un coup de baguette magique: les «yaka» engendrent souvent des lendemains faits de gueules de bois.

A gauche, les soutiens à Monnaie pleine – et il y en a – l’ont souvent été par défaut. En saluant le caractère radical du texte mais en admettant qu’il faudra encore avancer la réflexion sur ces questions complexes. Un peu dommage. Un travail en amont aurait peut-être permis de dégager des pistes à même de pallier certains défauts de ce texte.

Le moindre des paradoxes n’est pas celui consistant à donner davantage de pouvoir à la BNS sans prévoir un renforcement du contrôle démocratique exercé sur celle-ci. Or, l’affaire du franc fort a bien montré le découplage qu’il peut y avoir entre l’objectif de notre banque centrale – une politique focalisée sur la lutte contre l’inflation – et l’intérêt du pays – enrayer la hausse du franc suisse qui freine les exportations et l’industrie du tourisme.

Bref, osons poser la question d’un service public en matière d’accès au crédit ou encore sur l’incorporation de critères de durabilité dans notre politique monétaire. Ceci à l’heure où celle-ci est tellement hors de contrôle qu’une récente étude commanditée par les Artisans de la transition1>www.artisansdelatransition.org/rapports a montré que les investissements de la BNS dans les énergies fossiles doublent l’empreinte carbone de la Suisse!

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Opinions Philippe Bach «Monnaie pleine»

Dossier Complet

Votations fédérales du 10 juin 2018

mardi 15 mai 2018
Deux objets sont soumis à la votation populaire: l'initiative populaire dite Monnaie pleine et la Loi fédérale sur les jeux d’argent.

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