Chroniques

«Nous sommes quelques centaines à avoir honte»

AU PIED DU MUR

«Honte à quiconque n’a pas honte de [notre] pays», écrit l’éditorialiste du Haaretz, B. Michael (15 mai 2018). Nous sommes quelques centaines à avoir honte, et nous avons la rage. Car Israël vient de commettre un massacre où plus de 50 Palestiniens de Gaza ont été froidement assassinés, et près d’un millier ont été plus ou moins gravement blessés. Rien ne nous dit que le massacre ne se poursuivra pas dans les jours qui viennent.

Massacre, c’est le seul mot approprié. Les manifestants de Gaza ne menaçaient personne: pas un Israélien n’a été tué ou blessé, pas un Palestinien ne s’est trouvé du côté israélien de la clôture. Les courageux soldats surarmés et bien protégés ont tiré à balles réelles sur des enfants, des femmes et des hommes qui ne les menaçaient pas, souvent à travers les lunettes de snipers.

Il s’agit bel et bien d’un crime de guerre, dont sont responsables Benjamin Netanyahou, le ministre de la défense Lieberman, le chef d’état-major Eisencott, le commandant militaire de la région sud et les officiers sur le terrain. Ils auront un jour, espérons-le, à rendre des comptes devant la Cour pénale internationale.

Mais au moment même ou se déroule ce massacre, les dirigeants israéliens font la fête, à l’occasion de l’ouverture de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Avec eux, des milliers d’évangélistes et autres cinglés messianistes venus spécialement des Etats-Unis pour fêter le bon Dieu, son prophète Donald Trump et le miracle qu’il vient de réaliser en violant ouvertement le droit international et des dizaines de résolutions des Nations Unies.

A part la population arabe d’Israël qui a réagi par une grève générale de 24 heures et quelques dizaines d’Israéliens qui ont organisé des rassemblements de protestation, la société israélienne a montré, une fois de plus, son absence totale de sensibilité face aux victimes palestiniennes, saluant le courage de Donald Trump et fêtant la victoire (méritée) de Netta Barzilai à l’Eurovision.

Et je l’avoue, j’ai honte aussi pour mes amis palestiniens dont le président, Mahmoud Abbas.

Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem, Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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