Tout est bon dans le cochon, pas dans les religions!
Dans la salle d’attente d’un service français. Les huit sièges sont occupés. Arrive une famille bruyante d’une dizaine de personnes s’exprimant sans accent dans un français parfait, plaisantant avec humour: deux hommes et huit femmes, âgées sauf la plus jeune, très enceinte. Ma voisine et moi nous levons pour lui laisser une place, ainsi qu’à une ainée. Mais le plus jeune des hommes s’interpose, s’assoit et se vautre, bras et jambes écartées. Comme je le regarde d’un air réprobateur, il me demande si ces chaises sont libres. Je lui réponds que oui, puisque nous les avons laissées pour les dames en face! La future maman dit précipitamment: «Mais moi je suis jeune, je peux rester debout!». Là, l’étalé me lance le regard le plus haineux que j’aie affronté depuis des années et se lève. Les deux chaises sont restées vides!
Détail: ces bons Français de naissance étaient respectivement barbus et voilées. Je ne doute pas de leur intégration linguistique et économique, dont témoignaient leurs conversations et leurs véhicules haut de gamme. Je sais aussi que ce spectacle machiste aurait pu être donné par des intégristes catholiques ou juifs, ou par des non religieux, «Européens de souche», branchés ou pas bière et foot. Lesquels, en plus, m’auraient peut-être agressé. La domination et le mépris des femmes peuvent persister bien au-delà d’un passé religieux révolu, être importés ou bien ressurgir comme conséquence du «tout compétition» néolibéral.
Ces attitudes étaient, dans cette anecdote, intégrées par les victimes et perçues comme légitimes par leur auteur. Face à une culture familiale sexiste, l’école n’a donc pas réussi à donner l’éducation nécessaire, dans un pays où l’égalité des femmes et des hommes est pourtant inscrite dans la loi.
Les «religions du livre» perpétuent des stéréotypes contraires aux lois des pays civilisés, semblables à ceux des théocraties qui institutionnalisent la domination masculine. Les Etats-Unis et d’autres pays revendiquent une liberté totale pour les religions communautaires. Mais dans l’affrontement des religions prosélytes, des idéologies de la compétition, des nationalismes et des «peuples élus», celle-ci devient «liberté» de convertir de force sa descendance, de dominer et opprimer les femmes de certaines communautés et de transmettre des traditions contraires aux lois et aux droits humains. Les abus peuvent aller jusqu’au projet de convertir des populations qui n’ont rien demandé: un parti politique local veut faire de la Belgique une république islamique! L’interdire serait défendre la «liberté de religion», pas la limiter…
Quand des imams récitent les versets du Coran appelant à tuer les juifs, les chrétiens ou les infidèles, et diffusent des appels au djihad, la moindre des choses serait de les faire taire et condamner pour appel au meurtre. Et de s’interroger sur la diffusion massive de l’intégralité d’un texte dont des passages, dûment répertoriés, appellent au meurtre. Quand des évangélistes ou des catholiques appellent à l’interdiction du droit à l’avortement inscrit dans la loi et attaquent le personnel médical et les femmes concernées, il serait temps d’empêcher des agressions et des meurtres prévisibles, comme ceux commis, depuis longtemps, aux Etats-Unis. Et de se demander si la Pologne, qui interdit l’avortement, a sa place en Europe… Enfin, quand des intégristes, chrétiens, juifs ou musulmans, interdisent, avec menaces, l’abandon de leur religion ou les mariages intercommunautaires, c’est une atteinte aux libertés individuelles qui devrait être dénoncée, poursuivie et condamnée.
Mais les religions font peur aux politiques, plus sensibles aux nombres de votes des communautés religieuses qu’à l’illégalité de leurs fondements et de leurs pratiques liberticides. Il suffirait pourtant souvent d’appliquer les lois existantes pour neutraliser des comportements qui engendrent des violences intercommunautaires et promettent le chaos…
* Chroniqueur énervant.