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Élan collectif pour les «3 de Briançon»

Élan collectif pour les «3 de Briançon»
L’interpellation puis l’incarcération de Theo, Bastien et Eleonora a entraîné une vague d’indignation et une forte mobilisation, comme à Genève le 1er mai dernier. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Délit de solidarité

Libérés mais sous surveillance. Sans possibilité de se déplacer ni de s’exprimer publiquement en attendant leur procès. Menacés d’écoper jusqu’à dix ans de prison! Face à la déplorable situation de Theo et Bastien – arrêtés en France en même temps qu’une jeune Italienne pour avoir participé à une marche solidaire avec des migrants –, on ne peut que se réjouir du formidable élan collectif qui les soutient ainsi que leurs proches.

Il reste aussi l’espoir qu’au lieu de faire de leur cas un exemple de répression, la justice française reconnaisse que la solidarité entre êtres humains ne devrait pas constituer un délit. En ce moment, le parlement travaille en effet à assouplir le tristement connu «délit de solidarité». Malheureusement, le projet vise seulement à le lisser, et non à le faire disparaître. Il prétend «adapter le délit en fonction des circonstances»: une souplesse qui ne s’appliquerait que pour le soutien une fois en France et non pour l’assistance au moment de passer une frontière.

Pendant que cette adaptation est débattue, voilà la police qui se jette sur quelques jeunes à la frontière franco-italienne. Dix agents ont plongé sur Theo et Bastien lorsqu’ils se sont éloignés de la mobilisation. Tout ça pour quoi? Pour la gloire d’être parvenus à embastiller trois militants? Pour en faire un exemple, en pensant saper les mouvements qui refusent l’inhumanité de la politique européenne envers les réfugiés? Face à l’engagement de ces jeunes, répondre par la force n’est que l’aveu de faiblesse d’un Etat qui ne parvient plus à voir des êtres humains en détresse derrière les statistiques de la migration.

Parlons des circonstances. Si ces jeunes ont marché dans ce col, c’était en réaction à un mouvement raciste et xénophobe qui menaçait les migrants. Leurs intentions étaient évidentes. Ils se trouvaient là pour assurer un petit socle de soutien et de dignité à des personnes dans le besoin. L’Etat français osera-t-il comparer cette solidarité aux pratiques criminelles des passeurs en Méditerranée en condamnant les «3» à de lourdes peines?

En ces temps, rien n’est certain. Et leurs proches témoignent de l’injustice profonde qu’ils affrontent. Les contraintes et le bâillon qui leur sont imposés ne suffiront toutefois pas à briser l’élan qui les porte. Ils ne peuvent s’exprimer? Leurs idées ont trouvé de multiples relais. Et l’exemple de leur engagement suscite déjà de nouvelles actions solidaires.

Opinions Laura Drompt Délit de solidarité

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