Édito

La gauche reprend quelques couleurs

La gauche reprend quelques couleurs
Pour la gauche (ici les Verts lors de leur arrivée à Uni Mail), la configuration du Grand Conseil semble un peu moins complexe. JPDS
Elections cantonales genevoises

«Le populisme triomphe», titrions-nous en une il y a cinq ans. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Le Mouvement citoyen genevois (MCG) s’effondre, l’UDC reste de justesse au parlement et Genève en marche, de l’ex-MCG Eric Stauffer, n’y entre pas malgré la campagne la plus chère que le canton a jamais connue. Ce recul des partis qui stigmatisent les frontaliers et les réfugiés est réjouissant. Avec un bémol de taille: paradoxalement, la défaite du MCG s’explique en partie par le succès de son thème favori, la préférence cantonale, qui s’est banalisée jusqu’à l’écœurement. A gauche comme à droite.

Son recul s’explique aussi par le cannibalisme des formations populistes, par une certaine institutionnalisation du MCG qui a perdu son leader fort en gueule Eric Stauffer et par le peu de consistance de sa colonne vertébrale idéologique. Mais le parti est encore loin d’être à terre: son conseiller d’Etat, Mauro Poggia, réalise une excellente élection et ses onze députés joueront encore un rôle pivot. Car si la gauche et la droite ont pris de l’embonpoint grâce à la saignée de ce parti, aucun de ces deux blocs n’a obtenu de majorité. Le jeu parlementaire continuera donc à être une mécanique mouvante et compliquée.

La configuration semble toutefois un peu moins complexe, notamment pour la gauche. Dépouillé de son aile staufférienne ultralibérale, le MCG s’est révélé moins à droite qu’à ses débuts et plus cohérent. Les progressistes devraient pouvoir compter sur lui pour contrer les attaques contre les fonctionnaires (caisse de retraites par exemple) ou le social, mais le trouveront sur leur route sur la fiscalité (PF17) ou l’économie. A noter qu’Ensemble à gauche, qui a souffert de divisions, sauve les meubles de justesse.

Le léger renforcement progressiste au Grand Conseil s’accompagne de la reconquête – provisoire – du troisième siège au gouvernement, perdu il y a cinq ans, combinée à une victoire modeste de la droite. Certes Pierre Maudet explose les compteurs en étant élu dès le premier tour, mais Luc Barthassat (PDC) boit carrément la tasse et la septième, Nathalie Fontanet (PLR), ne creuse pas l’écart.

Ces éléments plaident pour une stratégie offensive de toute la gauche au second tour, avec un ticket à quatre candidats au minimum, pour confirmer son troisième siège. Voire renverser la majorité.

Mais attention: limer les dents de l’Entente au gouvernement ne fait pas un programme. Encore faut-il que les alliés progressistes s’entendent sur un socle minimal et sur les lignes rouges que leurs futurs ministres ne devront pas franchir. Au vu de la casse sociale que préfigure PF17, le respect de l’initiative de l’Alternative sur cette réforme fiscale, intitulée «zéro perte», serait un début encourageant. Utopique?

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jeudi 8 mars 2018
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