Édito

Israël: l’armée vise la tête

Israël: l’armée vise la tête
Manifestants palestiniens à Gaza le 3 avril. EPA/MOHAMMED SABER
Israël-Palestine 

Des tirs à balles réelles contre des manifestants palestiniens non armés, ne représentant aucune menace sérieuse. Des tirs illégaux et planifiés par les autorités israéliennes, comme l’établissait hier un rapport de l’ONG Human Rights Watch, pour lesquels l’armée estime ne pas avoir à rendre de compte mais qui constituent des crimes de guerre selon le droit international. Ces tirs ont fait au moins 17 morts, vendredi, et des centaines de blessés – 1415 selon le Ministère de la santé de Gaza. Les têtes et les poitrines étaient visées, selon les médecins qui ont traité ces patients.
L’armée maintient qu’il s’agissait d’«émeutes dans leur forme la plus violente».

On retient la vidéo de ce tout jeune homme qui court, un pneu dans les bras, fuyant le grillage qui marque la frontière. Il tombe vers l’avant. La balle d’un sniper l’a touché dans le dos, il ne se relèvera pas. Serait-il un des «dangereux terroristes» pointés par les autorités pour justifier pareil recours à la force? «Pour qui tentait d’endommager la barrière, nous avons tiré avec précision, intensité et détermination», a assumé le porte-parole de l’armée. Une source interne a affirmé au journal Haaretz qu’aucun changement de politique concernant les tirs n’était à prévoir. Les têtes et les cœurs palestiniens continueront d’être ciblés. Les dos, à défaut. Dis-moi où tu vises, je te dirai qui tu es.

Heureusement, il reste bien des cœurs qui battent, à Gaza et en Cisjordanie occupée. Un reportage du Monde diplomatique publié en février rapporte le travail de terrain mené par des jeunes de moins de 30 ans qui développent des initiatives mêlant culture, social, engagement politique. Une jeunesse désabusée des accords d’Oslo, qui ne croit plus aux vaines promesses du Hamas ou du Fatah mais qui maintient la flamme de la résistance face à l’occupation et à la colonisation.

Depuis leur naissance, ces jeunes n’ont connu que l’asphyxie territoriale et les abus contre leurs droits fondamentaux. En cette année anniversaire, à la fois de la fondation de l’Etat d’Israël et de la Nakba («désastre» en arabe) qui a poussé au moins 800 000 Palestiniens à l’exode, l’espoir réside peut-être en ces jeunes prêts à défendre leurs droits au péril de leur vie. Israël l’a compris, qui a cru bon d’envoyer un signal de violence intraitable. I

Opinions International Édito Laura Drompt Israël-Palestine 

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