Édito

La pédagogie selon Trump

La pédagogie selon Trump
Des étudiants ont manifesté devant la Maison blanche à Washington le 21 février pour demander davantage de contrôle sur les armes. KEYSTONE
États-Unis

Un débat (encore un) sur les armes aux Etats-Unis après une tuerie à l’arme de guerre (encore une) dans un lycée. Massacre après massacre, le pays se trouve scindé entre pro et anti régulation des armes, et le puissant lobby de la NRA (National Rifle Association) explique que le problème ne vient pas des engins de mort, mais de qui les manie.

La différence avec les années précédentes, c’est qu’aujourd’hui Donald Trump tient les rênes du pouvoir et appuie la NRA dans ses idées les plus extrêmes. Après la fusillade dans l’établissement de Parkland en Floride, qui a fait 17 morts parmi les enseignants et les élèves, il a suggéré la mesure dont rêve le lobby: que certains enseignants soient habilités à porter des armes dans les écoles. Ainsi les écoles ne seraient plus des «gun-free zones», des espaces exempts d’armes, source du problème selon lui car les «fous» y verraient une invitation à venir faire un carton.

Tollé. Même dans un pays bâti sur l’odeur de la poudre, cette suggestion ne passe pas, obligeant le président à préciser sa pensée par des tweets. «Je n’ai jamais dit ‘donnez des armes aux profs’. Ce que j’ai dit, c’est de réfléchir à la possibilité de porter des armes dissimulées pour les enseignants qui les maîtrisent et qui ont un entraînement militaire ou spécial.» Vingt pour cent des enseignants seraient éligibles, toujours selon Donald Trump, qui conclut: «Les attaques cesseraient.» Propos qu’une partie des Etats-Unis applaudit.

Mais que penser de la mission pédagogique assignée à des enseignants armés pour leurs cours? Une telle mesure est une invitation à la violence pour franchir le seuil des écoles. Donald Trump, qui fustigeait ces jours les jeux vidéos qui (dé)forment les jeunes esprits, leur offre de se confronter aux flingues «IRL» (in real life, dans la vie  réelle).

L’idée qu’un ou une prof puisse faire cesser une tuerie d’un coup de feu montre aussi la limite d’une philosophie qui a abandonné le traitement de la violence comme un problème de société. Les tenants de la responsabilité individuelle s’accrochent à un fantasme de héros dignes des grosses productions  hollywoodiennes. La réalité, c’est qu’à chaque vente d’arme semi-automatique, le risque augmente.

Mais les consciences évoluent. Sous le hashtag #Neveragain (plus jamais ça), une mobilisation collective monte en force. Un mot-clé pour faire taire les armes. On peut se permettre de le rêver.

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