Le témoignage que nous publions aujourd’hui, celui d’une mère aux prises avec le Service de protection des mineurs (SPMi) et la justice genevoise, pour obtenir la garde exclusive de son enfant, est dérangeant à plus d’un titre. Par les questions qu’il pose: est-il normal qu’un parent doive utiliser toutes ses ressources, financières et humaines, pour être entendu, avec ce sentiment d’être coupable a priori? Pourquoi les décisions sont-elles si longues à prendre? En cas de doute, la prudence ne recommande-t-elle pas d’éloigner l’enfant de ce qui peut le perturber, quitte à revenir en arrière après vérification, plutôt que de prendre le risque d’un incident?
A ces questions précises, nous n’avons pas obtenu de réponse, ni de l’Etat ni de la justice, qui se retranchent derrière le secret de fonction. Sur le terrain, en revanche, les professionnels évoquent les écueils du quotidien, parvenir à démêler le vrai du faux, les allégations d’un parent contre l’autre, les accusations d’abus sexuel, fondées ou pas, les problèmes d’alcool, de violence conjugale, de souffrance psychique, le syndrome de Diogène, le risque d’enlèvement, etc.
La difficulté de la tâche et un manque chronique de moyens entraînent de régulières doléances envers le SPMi, accusé d’arbitraire. Une cascade d’erreurs est susceptible d’entraîner des drames, comme celui de la petite Sylvia, en 2001, à Meyrin. La fillette de 16 mois avait été retrouvée morte de faim et de soif dans l’appartement de sa mère toxicomane, emprisonnée, sans que nul ne s’inquiète du sort de l’enfant.
Pris dans un cataclysme, les parents, au fond, demandent un peu plus d’humanité. Une administration à visage humain, capable de faire preuve d’une écoute bienveillante, implique un budget adéquat et du personnel suffisamment nombreux pour s’acquitter au mieux d’une mission lourde et complexe. Des moyens réclamés depuis des années par des salariés surchargés. Il est des domaines où vouloir faire des économies frôle l’inconscience.