Crise de l’ats, crise des médias
L’Agence télégraphique suisse (ATS) pourrait se mettre en grève. La décision d’un débrayage chez un des principaux pourvoyeurs d’informations helvétiques a été votée mardi soir par le personnel, à la suite des menaces de la direction de couper un quart des postes de l’agence. Une illustration – une de plus – de la crise des médias en Suisse et dans le monde.
C’est bien à une reconfiguration du modèle économique de la presse que nous assistons. Les grands groupes – notamment Tamedia et Axel Springer-Ringier – ont mis la pression sur l’ATS pour payer moins cher ses services. Tout en exigeant en même temps, en tant qu’actionnaires, de récupérer des revenus sous forme de dividendes.
Une politique qui met en danger, sinon la survie, en tous les cas la qualité des prestations de ce qui est souvent compris comme un service public. C’est que, pour eux, les priorités sont ailleurs. La cohésion nationale et la solidarité entre les régions linguistiques ne pèsent plus guère dans la balance. La tentation est grande pour les éditeurs suisses de se voir comme un simple pourvoyeur d’une information qui serait fabriquée ailleurs. Par qui, comment, avec quel contenu, selon quels critères de qualité? Cette question est désormais devenue secondaire pour ces entreprises.
Ce n’est qu’en refaisant de cette problématique un enjeu politique – en cela l’annonce d’une grève à l’ATS est salutaire, même si elle mettra en difficulté les petits journaux comme Le Courrier – que des priorités en termes de démocratie pourront être remises au centre du débat et, peut-être réveiller les élus fédéraux et cantonaux étrangement aveugles à cet enjeu démocratique.