Médecine minute
La nouvelle ne passe pas inaperçue dans les cabinets médicaux: depuis une semaine, le système Tarmed limite à vingt minutes le temps d’écoute au cours d’une consultation. Des exceptions sont prévues pour les patients âgés de moins de 6 ans et de plus de 75 ans, ou avec l’aval de l’assurance-maladie. Au nom des économies dans les coûts de la santé, on en arrive à limiter les médecins dans leur écoute et à leur imposer un travail administratif supplémentaire. Fardeau inutile: une étude de la Fédération des médecins suisses vient de paraître et elle nous apprend que les soignants passent de plus en plus de temps sur les dossiers plutôt qu’avec leurs patients.
Certains praticiens1 voient dans cette nouvelle règle Tarmed un risque réel pour la qualité des soins et dénoncent une standardisation dans laquelle les patients seront les plus grands perdants. Même si bien des maladies bénignes ne nécessitent pas plus de vingt minutes de consultation, fallait-il pour autant une règle aussi restrictive? Pourquoi l’assurance aurait-elle le dernier mot sur l’utilité de quelques minutes en plus?
Il s’agit d’un mauvais calcul. Car ce temps d’écoute est une base fondamentale en médecine. Il permet d’évaluer les situations complexes, de considérer les patients (et leur santé) dans leur ensemble et de prendre le temps de les soigner avec humanité, respect et bienveillance. Valorisant ainsi des actes peu visibles et pourtant essentiels, car des diagnostics sûrs et une prévention efficace sont aussi des moyens pour limiter les coûts de la santé.