Édito

Noël avant l’heure?

Editorial

Supprimer les droits de douane pour lutter contre l’îlot de cherté suisse. L’idée vient du Conseil fédéral, qui espère faire économiser 900 millions de francs aux consommateurs et entreprises tout en faisant perdre 450 millions de francs aux caisses publiques. Cela, espère l’exécutif, permettrait au «revenu de la population d’augmenter de 43 francs». Sacré cadeau, qui ne compensera toutefois pas les différences entre notre pays et l’étranger: 35% en moyenne entre la Suisse et la France pour les produits alimentaires, par exemple, selon les relevés de la Fédération romande des consommateurs. L’annonce semble surtout taillée sur mesure pour les entreprises.

Dans un pays où la précarité augmente, où 7% des habitants sont touchés par la pauvreté, lutter contre des prix abusifs est une nécessité. Mais cette mesure qui vise notamment les voitures, vélos, produits de soins corporels, appareils ménagers ou vêtements, manque sa cible. Les prix indus sont moins à mettre sur le dos des taxes douanières que sur celui des marges entre la production et le prix de vente final que prennent toute une série d’intermédiaires. Des intermédiaires nullement entravés par l’annonce du Conseil fédéral.

Ce dernier se contente de se réjouir pour l’«économie», qui semble n’attendre qu’une baisse des taxes douanières pour croître, à lire le rapport en question. La doxa néolibérale tourne à plein régime à Berne. On prive ainsi l’Etat de revenus en promettant de la croissance, puis viendra le temps de se plaindre du manque de recettes pour justifier une baisse des impôts censée encourager les entreprises à investir en Suisse. Le tout pour payer des salaires qui serviront à importer des voitures meilleur marché grâce à l’abolition des taxes. Presque aussi beau que la magie de Noël.

Opinions Édito Laura Drompt Editorial

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