Édito

Un combat qui ne fait que commencer

Primes maladie

Année après année, le rituel est quasi immuable. A l’automne, le Conseil fédéral annonce une nouvelle hausse des primes d’assurance-maladie. S’ensuit une grogne au sein de la population – surtout de ce côté de la Sarine, où les tarifs sont sensiblement plus élevés. Parfois, une initiative prétend changer le système, puis échoue lors d’un scrutin national.
On se plaint, donc. Mais rien ne change. Car il est difficile de mobiliser. Si tout le monde s’indigne de la hausse constante des prix, celle-ci n’est pas ressentie de la même manière selon le niveau socio-économique. Les revenus les plus bas sont aidés pour payer leurs primes – bien que certains subsides soient actuellement menacés à Genève. Et les plus élevés encaissent mieux le coup. C’est donc surtout la classe moyenne qui voit son pouvoir d’achat grevé par ces hausses rituelles, contre lesquelles elle se sent totalement impuissante. La situation n’en est pas moins grave. Le coût des primes est un des principaux facteurs de paupérisation en Suisse (avec notamment celui du logement), dénoncent nombre d’organismes.
La dernière hausse a-t-elle été celle de trop? Le ras-le-bol s’est en tout cas exprimé plus fort que de coutume. Et alors que quatre initiatives populaires nationales sont déjà lancées ou en préparation, des projets cantonaux surgissent à leur tour. De plus, un mouvement citoyen appelle désormais à prendre la rue1. C’est encourageant et salutaire, surtout si la mobilisation prend une véritable ampleur. Plusieurs partis politiques ont d’ailleurs adhéré à l’appel – non sans faire grincer des dents, et être pour certains taxés «d’opportunistes».
Il n’en reste pas moins que cet embryon de révolte devra encore grandir et durer s’il veut vraiment changer la donne, qui fait la part belle aux assureurs. Au niveau cantonal d’abord, mais à l’échelle nationale surtout. Car c’est bien à Berne que se décident les révisions de la LAMal. Les caisses maladie l’ont bien compris, elles qui remplissent le parlement d’armées de lobbyistes et d’élus à leurs botte. Ou dans les urnes, bien sûr. Mais jusqu’ici, chaque initiative s’y est cassé les dents.
Le combat est donc encore loin d’être gagné. Mais la bataille doit être donnée. Et il faut bien la commencer. I

1 Manifestation samedi 18 novembre, 14h, zone piétonne du Mont-Blanc

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