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Dima Bawab, une voix lyrique engagée

Dima Bawab, une voix lyrique engagée
Dima Bawab. TIMOTHY HACCIUS
Mozart en Palestine (4)

A elle seule, tout un symbole. Dima Bawab, soliste franco-jordano-palestinienne, est née de parents en exil. L’histoire de la Palestine est chevillée à la sienne. La famille de son père est partie pour la Jordanie lors de la vague migratoire de 1948, celle de sa mère avec l’exode de 1967… Rencontre lumineuse avec une soliste de talent et une femme engagée.

Le Conservatoire de musique Edward Saïd tenait à ce qu’elle fut la soliste soprano pour notre projet, car, outre ses indéniables qualités artistiques, elle apporte ce supplément d’âme, cet engagement qui ne laisse personne indifférent lorsqu’elle se produit en Palestine. Cette relation particulière et cette notoriété, nous les avons perçues immédiatement. À son arrivée à la première répétition «Tutti» (orchestre, chœur, solistes), les musicien-ne-s de l’orchestre l’ont accueillie par une ovation.

Dima Bawab a débuté sa formation musicale en Jordanie par le piano à l’âge de 4 ans. Elle poursuit avec le cor à 14 ans, ce qui lui permet de découvrir les choses de l’intérieur et, aujourd’hui encore, elle garde ce lien particulier à l’orchestre. Le Conservatoire de musique de Boulogne-Billancourt, ayant trouvé chez elle une musicalité, une voix, lui donnera sa chance. Elle poursuivra au Conservatoire de Toulouse, d’où elle sortira avec le Premier prix à l’unanimité avec félicitations du Jury, et en poche son ticket pour le Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Après la signature des accords de paix entre la Jordanie et Israël en octobre 1994, elle effectue sa première visite en Palestine avec sa mère et son frère. Son père, ne parvient alors pas à franchir le pas; il le fera en 2005, lorsqu’elle sera invitée à chanter pour la première fois. Depuis, grâce notamment au Conservatoire de musique Edward Saïd, elle essaie de s’y rendre chaque année. C’est ainsi qu’elle a trouvé un équilibre: «[se] construire en Europe, continuer à y travailler, tout en ayant la chance de toujours pouvoir faire des projets ici [en Palestine]».

Si sa nationalité franco-jordanienne lui permet de se déplacer facilement, ses collaborations avec des musicien-ne-s palestinien-ne-s l’ont rendue sensible à leurs difficultés quotidiennes. Elle se souvient de la tournée en Palestine et en Israël de 2009 avec l’Orchestre du Conservatoire. Pour l’occasion, des permis et des passeports temporaires avaient été délivrés aux musicien-ne-s. Le soir du concert à Haïfa, en arrivant sur scène, elle sent une odeur de poisson, de mer et d’humidité. A la fin du concert, elle découvre des musicien-ne-s avec les cheveux trempés. Bien qu’habitant une région longeant la mer, elles et ils ne l’avaient jamais vue. Alors pour y goûter, ils y sont entrés tout habillés, en tenue de concert! Lorsqu’elle évoque ce moment, Dima avoue avoir toujours intacte l’émotion qui l’a étreinte ce soir-là.

Son engagement est de témoigner, de raconter la difficulté de circuler des Palestinien-ne-s, les humiliations subies, lorsqu’il faut passer le check-point à pied alors même qu’on a des papiers en règle, mais il est surtout culturel. Elle défend la musique comme une nécessité vitale pour des jeunes, à qui elle donne un but. En effet, lorsqu’elles et ils tiennent leur instrument, toutes les humiliations, toutes les frustrations peuvent être oubliées. La musique permet de transcender le quotidien, elle ouvre les esprits, enseigne la tolérance: «De toute façon, la personne qui va libérer ce pays, ce sera une personne de cœur et d’intellect, ce ne seront pas les armes…»

Opinions Chroniques Nadia Lamamra

Dossier Complet

Nadia Lamamra - Mozart en Palestine

mercredi 8 novembre 2017
Du 13 au 22 octobre, le chœur lausannois Harmonia Vocis se rend en Cisjordanie pour interpréter le Requiem de Mozart avec le Conservatoire national de musique Edward Saïd. Une expérience musicale...

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