Édito

Entendre la douleur et combattre l’impunité

Harcèlements sexuels
Le scandale concernant les comportements criminels du producteur de cinéma Harvey Weinstein envers des dizaines d’actrices a permis de mettre en lumière l’omerta qui règne sur les abus sexuels des puissants. Avant lui, les agissements de Bill Clinton, de Dominique Strauss-Kahn ou du politicien français Denis Baupin, par exemple, avaient déjà défrayé la chronique. Sans que leurs actes ne leur valent de lourdes condamnations pénales. Ni que les choses changent réellement. Ainsi, le sexisme outrancier d’un Donald Trump ne l’a pas empêché d’être élu à la Maison-Blanche. Sommes-nous donc face à une nouvelle indignation sans lendemain?
 
Pas sûr. Un cap a peut-être enfin été franchi ces jours-ci. A la suite de l’affaire Weinstein, les médias du monde entier se sont a nouveau penchés sur les réalités du harcèlement. Surtout, les réseaux sociaux ont libéré la parole de milliers de femmes. La toile a été inondée de témoignages de viols, de harcèlements et de violences sexistes routinières, nous jetant à la face l’ampleur du phénomène. Et pourtant… Statistiques, manifestes, études, récits et œuvres artistiques décrivant cette réalité existent depuis longtemps. Mais sans que nous n’arrivions tous à en prendre la réelle mesure. Espérons donc que la multiplication des témoignages nous permette enfin, en tant que société, d’affronter ce problème.
 
Ces récits nous rappellent aussi que le harcèlement est avant tout une question de pouvoir. Mais que celui-ci ne s’exerce pas seulement tout en haut de l’échelle, chez les grands argentiers du cinéma ou les puissants politiciens. Il s’applique à tous les niveaux, partout, dans toutes les cultures. 
 
Nous avons le devoir d’écouter enfin cette douleur face à une violence que des hommes exercent envers les femmes, parfois sans même en prendre pleinement conscience. Il s’agit d’entendre, de comprendre et de se regarder en face. De réaliser les implications de nos comportements, aussi bénins puissent-ils nous paraître. Et de ne plus se taire quand nous sommes confrontés à ces violences.
 
Nous devons aussi changer notre manière d’éduquer nos enfants. Que jamais plus ils et elles ne grandissent en pensant qu’un garçon est plus puissant ou important qu’une fille, ou qu’il mérite plus de place.
 
Enfin, il est absolument nécessaire de modifier les fonctionnements judiciaires. Pour permettre que tous ces cas soient jugés, et que les auteurs de crimes soient condamnés. Que les hommes qui commettent harcèlements et abus sexuels ne se sentent plus dans leur droit. Et surtout que les femmes qui subissent ces violences ne soient plus frappées, de surcroît, par la violence supplémentaire qu’implique l’impunité. 
 
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