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La peine capitale encore tristement vivante

Peine de mort

On la croit en phase terminale, la peine de mort. On n’y pense plus, on l’imagine abolie simplement parce qu’elle n’est plus commune sous nos latitudes. Et pourtant, l’an dernier 1032 personnes ont été exécutées par la justice de leur pays. Un chiffre en baisse de 37% par rapport à 2015 mais qui n’inclut pas les condamnations à mort de la Chine, qui à elle seule a ôté la vie à plus de personnes que tous les autres pays du monde réunis, selon Amnesty International, et qui déploie des trésors d’ingéniosité pour cacher l’ampleur des mises à mort sur son territoire.

En quarante ans de lutte contre la peine capitale, les efforts et les progrès ont cependant été nombreux. Si dans les années 1980 la peine de mort était courante, elle est aujourd’hui marginalisée. Parmi les 193 Etats membres de l’ONU, seuls 36 pays l’autorisent et 23 continuent de l’appliquer. Quatre pays (Iran, Arabie Saoudite, Pakistan et Irak) représentent à eux seuls 87% de toutes les exécutions confirmées dans le monde.

Il est cependant trop tôt pour tirer des conclusions optimistes. D’abord, parce que les chiffres en baisse de 2016 font suite à ceux de 2015, qui ont représenté un pic historique depuis 1989. Ensuite, parce que les partisans de la peine capitale sont de plus en plus décomplexés et que l’opinion publique se laisse régulièrement séduire par des discours sécuritaires faisant l’apologie de la peine capitale.

En France, selon plusieurs sondages, une courte majorité de la population serait favorable au châtiment ultime. Eloquent pour un pays qui se veut être un exemple en matière de droits humains. En Europe, la Biélorussie a repris les exécutions en 2016. Quant aux USA, trois Etats se sont prononcés dans les urnes en faveur de la peine de mort en novembre 2016 dans des référendums annexes au choix présidentiel. L’Oklahoma, le Nebraska et même la très libérale Californie ont décidé d’apporter leur soutien à la peine de mort. Le Nebraska l’a même rétablie après l’avoir abolie.

La situation mondiale le prouve, la lutte contre la peine de mort est loin d’être devenue un combat d’arrière-garde. Il faut rester vigilants et n’avoir de cesse de répéter que la peine capitale est un châtiment inhumain, injuste, irréversible, inutile.

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