Édito

Merkel sans opposition

Allemagne

Angela Merkel se dirige vers un quatrième mandat consécutif. Son parti, conservateur, est crédité de 36% des intentions de vote pour les législatives de dimanche. Le score est faible pour la CDU/CSU. Mais elle n’a pas de véritable compétiteur, tant les sociaux-démocrates du SPD sont largués. La chancelière s’est même contentée d’un slogan aussi creux que «l’Allemagne, un pays où il fait bon vivre».

Il faut dire qu’une majorité de ses concitoyens se disent satisfaits de la situation de leur pays. A croire qu’ils écoutent surtout ces nombreux dirigeants européens qui vantent le «miracle économique» allemand et érigent ce «modèle» en exemple à suivre pour démanteler leurs protections sociales et libéraliser leurs marchés du travail.

Pourtant, la réalité est peu reluisante outre-Rhin. Les inégalités sociales sont en croissance constante depuis quinze ans. Et le taux de chômage historiquement bas cache une précarisation extrême de l’emploi et une paupérisation d’une partie de la population. Ainsi, près de 16% des Allemands vivent sous le seuil de pauvreté.

Le SPD a d’ailleurs fait des inégalités son axe de campagne. Mais avec quelle crédibilité? C’est son dernier chancelier en date, Gerhard Schröder, qui a lancé la réforme «Hartz» de dérégulation du marché du travail, adoptée entre 2003 et 2005. Les sociaux-démocrates ont ensuite constitué le partenaire de coalition – minoritaire – de la CDU entre 2005 et 2009 et depuis 2013, jouant ainsi les «idiots utiles» d’Angela Merkel. L’habile dirigeante a en effet parfaitement réussi à récupérer les quelques crédits politiques de la législature – comme le salaire minimum (à 8 misérables euros de l’heure!) – et a coupé l’herbe sous le pied du centre-gauche en prônant l’accueil de centaines de milliers de réfugiés en 2015.

Un épisode qui a déclenché un fort élan de solidarité chez une partie des Allemands, mais qui a aussi provoqué une montée xénophobe. Avec pour inquiétant résultat la probable entrée du parti d’extrême droite AfD au Bundestag.

Il n’en reste pas moins que la CDU devra trouver des partenaires pour gouverner. Et les sièges de ses alliés libéraux ne devraient pas suffire pour obtenir une majorité. Angela Merkel se tournera-t-elle alors vers les Verts? Ou proposera-t-elle au SPD une nouvelle «grande coalition»?

Le centre-gauche serait bien mal avisé d’accepter, tant les expérience précédentes lui ont coûté des plumes. Le temps semble plutôt venu de tenter de créer une forte opposition rose-verte-rouge, avec Die Linke.

Opinions Édito Gustavo Kuhn Allemagne

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