«Les femmes n’ont pas à se sacrifier pour PV 2020»
PV 2020 se fait sur le dos des femmes, des travailleurs et des jeunes. Alors que nous n’avons toujours pas l’égalité, les dividendes perçus par les actionnaires ainsi que les salaires des patrons et des managers ont pris l’ascenseur! Pour nous, ce n’est pas aux femmes de payer PV 2020.
Il ne s’agit pas d’une réforme pour les femmes: elles devront travailler une année de plus. Cette mesure est inique car elle frappe davantage les travailleuses qui ont les revenus les plus bas et des conditions de travail précaires et pénibles. Les autres pourront toujours s’offrir une retraite anticipée.
Ce n’est pas non plus un pas vers l’égalité. A cause des inégalités salariales et du temps qu’elles consacrent au travail domestique, éducatif et de soins, les femmes gagnent moins, puis touchent des rentes inférieures à celles des hommes: moins 63% dans le 2e pilier! Cet immense écart ne sera de loin pas comblé par PV 2020. Ce qu’il faut, c’est améliorer les salaires des femmes. Plus de salaires, c’est plus de cotisations à l’AVS. Et la possibilité d’une retraite à 64 ans pour les hommes aussi.
Les petits salaires seront-ils avantagés? Non. Pour les 500 000 femmes qui n’ont que la rente AVS, 70 francs de plus par mois ne suffisent pas. Celles qui sont épuisées par le travail n’auront pas les moyens de s’offrir une retraite à 64 ans, avec ou sans les 70 francs. Celles qui sont sans emploi devront peiner une année de plus avant de toucher leur rente.
Le 2e pilier n’avantage pas les temps partiels. Il n’est favorable ni aux bas salaires ni aux parcours de vie discontinus. La moitié des femmes à temps partiel gagne moins de 3150 francs par mois. A ce tarif, le 2e pilier n’est pas rentable. Résultat: le salaire mensuel, déjà modeste, va baisser à cause de la hausse des cotisations LPP. Et cela pour une rente promise très incertaine puisque, en quinze ans, les rentes du 2e pilier ont fondu de 20 à 40%.
Non, l’avenir de l’AVS n’est pas en danger. Depuis des années, la droite prédit l’effondrement des finances de l’AVS. Le Parti socialiste et l’Union syndicale suisse ont repris ce refrain. Or les catastrophes annoncées n’ont pas eu lieu: en 1997, le Département fédéral de l’intérieur prédisait un trou de 15 milliards pour 2010. Or, en 2016, les comptes de l’AVS se sont clos sur un résultat positif de 400 millions et un capital de 44 milliards de francs.
Les baby-boomers sont-ils un poids pour les jeunes? Non. L’économie suisse est dynamique: l’emploi n’a cessé de croître, notamment grâce aux femmes et à l’immigration. Et la productivité a augmenté de 30% en quinze ans, si bien que moins d’actifs produisent davantage de richesses. Sans oublier la solidarité entre les générations. Loin d’être un coût, les retraité-e-s jouent un rôle essentiel dans la garde des petits-enfants ou le soutien aux proches malades.
En cas de refus, serait-ce la catastrophe? Non. Refuser PV 2020, c’est mettre un cran d’arrêt aux velléités de la droite d’imposer les 67 ans. Pour nous, il n’est pas cohérent de nous faire travailler plus, alors qu’un demi-million de personnes sont au chômage ou en sous-emploi et que trouver un job après 50 ans relève de la mission impossible.
Les femmes n’ont pas à se sacrifier pour PV 2020. Travailler toujours plus n’est pas l’avenir que nous voulons. Ni pour nous ni pour nos enfants.