On nous écrit

En colère contre Tarmed

On nous écrit

«Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…» Et bien d’autres, hélas!

Avant l’intervention de la Fée Tarmed et de la fée Libre concurrence, pour environ 100 fr. j’avais une assurance de base, une complémentaire médecine alternative et une complémentaire pour hospitalisation semi-privée. Elles sont venues avec leurs baguettes maléfiques et le tout a triplé. Les Carabosses ont continué leurs méfaits et maintenant, ces 300 fr. ont presque triplés encore une fois ; avec les 5% prévus pour l’an prochain, ce sera chose faite. Tout ça pour exactement les mêmes prestations.

Si mes revenus n’ont pas triplé, je peux supposer que les revenus d’autres personnes ont, eux, pu tripler. On parle toujours des coûts de la santé, donc des coûts qu’engendrent les gens qui ont besoin de soins divers et plus ou moins importants. On parle rarement des tarifs médicaux. M. Alain Berset a fait une tentative et les professionnels se sont récriés d’indignation. Mais de quoi ont-ils peur? D’être obligés un jour de s’asseoir sur leur dignité et devoir demander une subvention pour payer leurs primes d’assurance maladie, comme doit le faire un trop grand nombre de personnes?

Lorsque Tarmed est entré en vigueur, le prix de ma consultation gynécologique a augmenté d’un tiers. M’inquiétant de ce fait auprès du secrétariat du médecin, la secrétaire m’annonce que son patron a perdu un tiers de ses revenus avec Tarmed. Ah bon? J’ai compris plus tard que c’est au niveau de ses actes chirurgicaux exorbitants qu’il avait enregistré des pertes. Rassurez-vous, il n’est pas dans le besoin.

A la réception d’une facture de radiologie, je constate une taxe d’urgence. Je prends à nouveau le téléphone car: d’un part j’ai pris rendez-vous et d’autre part j’ai attendu dans la salle d’attente, donc il ne s’agissait pas d’une urgence. Réponse laconique: on y a droit. Ah bon? J’ai signalé le fait à mon assurance, pensant qu’elle aurait plus de poids que moi. Réponse: on n’entre pas en matière.

Que je vous parle aussi des chirurgiens qui dégainent leur bistouri plus vite que leur ombre. J’ai évité trois opérations en décidant d’attendre un peu pour voir ce qui se passe. Je ne suis pas désolée de leur avoir fait perdre de juteux profits. Faut-il que je vous dise que chaque opération était ABSOLUMENT indispensable? Deux d’entre eux m’avaient déjà réservé une place dans leur ­agenda.

Parlons encore des décomptes de prestations que l’on reçoit avec le bulletin de versement. Ils sont rarement décodables par le commun des mortels (transparence où es-tu ?). Parfois je peux quand même remarquer une prestation que je n’ai pas eue. Je renvoie la facture pour rectification. Mais la facture d’un urologue n’a pas eu gain de cause. Après toute une série de prestations invérifiables, il y avait encore la mention « divers » qui faisait doubler le montant de la facture (de 200 à 400fr environ)… après un téléphone pour plus d’info, réponse: Tarmed l’autorise. A mon avis tout ce qui est autorisé n’est pas forcément permis, mais de manière évidente il est permis aux médecins de s’enrichir grassement au détriment des payeurs de primes que nous sommes tous. Nous sommes donc pris en otage avec le droit de nous taire.

Et au sujet des prix des médicaments qui sont honteusement exorbitants: ce doit être un commerce florissant et juteux car depuis chez moi, si je marche 5 minutes j’ai trois pharmacies à disposition. Si j’ajoute 2 minutes, j’en ai deux autres, et si courageusement je marche 10 minutes, mon choix passe à huit pharmacies à proximité. Qui dit mieux?

Lors de gros travaux, les dentistes nous forcent à passer la frontière, car ainsi les factures diminuent de moitié, et ne croyez pas que le travail soit moins bien fait qu’en Suisse! Ensuite, on se rend aussi en France pour l’entretien de routine. Tant pis pour les appétits d’ogre «Made in Switzerland».

Alors voilà, si les politiques pouvaient parler des vrais problèmes et attaquer au bon endroit: demander des décomptes de prescriptions clairs et limpides pour les usagers, revoir la tarification Tarmed d’une manière plus stricte, sans tous ces trucs autorisés à tout hasard. Et bien sûr, qu’ils arrêtent de se mettre à plat ventre devant l’industrie pharmaceutique.

Moyennant quelques efforts mieux ciblés, le peuple suisse se porterait mieux. D’être moins étranglé financièrement par des primes toujours plus gourmandes pourrait faire baisser la prescription d’anxiolytiques au mois ­d’octobre de chaque année.

Arlette Ribaux, Onex (GE)

Opinions On nous écrit Votre lettre On nous écrit

Connexion