Sécurité vivrière ou souveraineté alimentaire?
Le sujet risque d’être un peu occulté cet automne avec le débat sur Prévoyance vieillesse 2020; les Suisses n’en auront pas moins à se prononcer sur la sécurité alimentaire. En l’occurrence sur un contre-projet concocté par les Chambres et qui a poussé l’Union suisse des paysans à retirer son texte initial.
Ce qui est regrettable, dans la mesure où les députés ont chargé la barque par rapport aux volontés initiales de la faîtière paysanne suisse. Notamment en y introduisant des références défendant une agriculture et un secteur agroalimentaire «répondant aux exigences du marché». Et cette agriculture est expressément liée aux relations commerciales transfrontalières.
Certes ce commerce doit se faire dans un souci de durabilité. Mais on sait ce concept flou. Dans le cadre des traités de libre-échange que la Suisse conclut tous azimuts, la défense d’une agriculture de proximité et de qualité risque de peser de bien peu de poids face à d’autres lobbies comme ceux des banques, des services ou de la pharma.
Bref, le vote du 24 septembre n’offre qu’une protection très relative à l’agriculture suisse que l’on sait fragile face à l’hyperproductivisme des pays de l’Union européenne.
C’est que les questions qui fâchent sont encore à venir. Elles sont notamment contenues dans deux initiatives populaires en cours de traitement au parlement suisse, l’une des Verts et l’autre d’Uniterre, le syndicat minoritaire des paysans suisses. Ce sera alors l’occasion de débattre des vrais enjeux: ceux de la souveraineté alimentaire, de l’agriculture contractuelle ou de graver dans le marbre l’interdiction des OGM.
La sécurité alimentaire n’est pas qu’un outil économique ou une stratégie vivrière. Elle concerne aussi notre santé. Pour parler trivialement et cyniquement, si un jeans ou un natel sont produits dans des conditions socialement inacceptables, cela n’impactera pas ou peu l’usage que nous en faisons. En revanche, des tomates pleines de pesticides nous rendront malades. Cette urgence constitue aussi un levier politique sur lequel il faut s’appuyer.