Avions de combat, le retour?
Pour l’armée, c’est Noël à chaque session parlementaire, selon un communiqué du Groupe pour une Suisse sans armée. Effectivement, ce jeudi, le Conseil national a bien fait passer le message: quand on aime, on ne compte pas. Et le National aime beaucoup l’armée.
Ainsi, c’est un paquet devisé à quelque 2,1 milliards de francs qui a été adopté hier en sa faveur: 900 millions pour le programme d’armement, 750 millions de crédits pour le programme dit d’investissements, et 461 millions pour le programme immobilier.
Dans ce cadeau, on trouve un gros morceau: 450 millions sont destinés à maintenir en vie les FA-18 à l’horizon 2030. Avec, en embuscade, la volonté de revenir à la charge pour l’achat de nouveaux avions de combat, deux ans après le refus en votation populaire (par 53% des voix, le 18 mai 2015) de vingt-deux Gripen pour un coût de 3,1 milliards de francs!
Et les stratèges de Guy Parmelin voient large: la facture de cette acquisition est évaluée dans une fourchette allant de 5 milliards de francs à… 18 milliards de francs (pour septante engins) dans le cadre de l’offre grand luxe, toutes options comprises. Gageons que les Chambres trouveront un compromis, quelque part au milieu.
Il serait même possible de passer en force, en éludant le vote populaire. En effet, les crédits ordinaires de l’armée ne sont pas soumis au référendum. Il suffit d’étaler l’investissement dans le temps… Même si cette hypothèse, pour légale qu’elle soit, paraît tout de même politiquement un peu risquée. Mais on a vu certains faire des folies au nom de l’amour éperdu. Et il est vrai que l’on a affaire à de sacrés stratèges au Département fédéral de la défense.
En tous les cas, jeudi, la proposition de prévoir explicitement via un arrêté la possibilité d’un référendum, comme le proposait le Parti socialiste, a fait long feu. Il paraît en effet toujours aussi complexe de questionner le bien-fondé et le montant astronomique de ces dépenses. La Suisse sera-t-elle davantage en sécurité avec ces avions de combat? On peut en douter.
En attendant, les mêmes parlementaires qui sont prêts à faire flamber la Visa Gold de la Confédération se montrent pingres au possible lorsqu’il s’agit de prendre en compte les besoins sociaux réels de la population. Ainsi, comme le relève un communiqué de l’Union syndicale suisse, le Conseil des Etats veut couper entre 300 et 500 millions de francs pour les prestations complémentaires versées aux rentiers les plus modestes.
Une simple question de priorités?