D’une pierre trois coups par Netanyahu
Comme chaque fois, cela a commencé par des rumeurs. Cette fois sur de secrètes discussions entre le Likoud de Benyamin Netanyahu et l’Union sioniste (constituée du Parti travailliste et de Atnoua de Tsipi Livni), de centre-gauche, menée par Isaac Herzog. De telles rumeurs ne sont pas nouvelles. Mais quand le numéro deux du Parti travailliste a commencé à s’en prendre publiquement à son président, critiquant ses manquement aux valeurs fondatrices du parti, il s’est avéré que des discussions envisageant une éventuelle entrée de l’Union sioniste au sein du gouvernement existaient réellement. Les échanges envenimés entre les numéros un et deux du Parti travailliste ont fait la «une» des journaux et la joie des électeurs de droite.
Avec une coalition de 61 sur 120 sièges à la Knesset, Netanyahu ne s’est jamais caché de vouloir agrandir sa coalition afin d’assurer plus de stabilité à son gouvernement. Le choix de l’Union sioniste pouvait sembler plutôt étrange au vu des énormes fossés idéologiques séparant les deux partis, autant sur la question palestinienne que sur les questions sociales et économiques. Ou peut-être que Netanyahu n’avait jamais vraiment envisagé de faire entrer l’Union sioniste au sein de son gouvernement, mais plutôt de l’utiliser pour augmenter la pression sur un autre parti qui, jusqu’ici, avait toujours refusé ses avances.
C’est en voyant que les discussions entre le Likoud et l’Union sioniste prenaient forme qu’Avigdor Liberman, à la tête du parti ultranationaliste d’extrême droite Israël Beitenou, a accepté d’ouvrir des discussions en vue d’une éventuelle entrée dans le gouvernement.
En effet, Liberman avait toujours refusé de discuter d’une telle éventualité sans que ses conditions soient remplies. Mais, voyant les portes du gouvernement se refermer doucement devant lui, il ne s’est pas fait prier pour s’asseoir à la table des négociations. Netanyahu et Liberman ont bien vite oublié les insultes réciproques lancées l’un à l’autre quelques mois auparavant. Il leur a fallu quarante-huit heures pour finaliser un accord.
Avigdor Liberman a été investi lundi par la Knesset en tant que ministre de la Défense. En le nommant à ce poste, non seulement Netanyahu a agrandi sa coalition, mais il a, par la même occasion, réussi à créer des tensions au sein du principal parti d’opposition, l’Union sioniste. Et pour finir, cette nomination aura également été une punition pour l’ancien ministre de la Défense, Moshe Yaalon, qui entretemps a démissionné du gouvernement pour ses positions divergentes sur des sujets très sensibles de moralité dans l’action de l’armée.
Le gouvernement de Netanyahu est plus à droite que jamais, Liberman est un adepte de la manière forte. Avant son investiture, il avait promis que si un jour il était nommé ministre de la Défense, il donnerait quarante-huit heures à Ismail Haniyeh, leader politique du Hamas, pour rendre les corps des soldats israéliens morts lors de la dernière guerre à Gaza, sans quoi il le ferait éliminer. Depuis, il a mis de l’eau dans son vin en assurant qu’il serait «raisonnable» dans ses décisions. A suivre…
* JCall Switzerland, branche de JCall Europe, est un mouvement juif qui milite pour la paix au Moyen-Orient fondée sur un accord entre Israéliens et Palestiniens selon le principe deux peuples deux Etats.