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Prévenir des souffrances évitables

Réagissant à un récent article, la conseillère aux Etats et sage-femme Liliane Maury Pasquier se prononce en faveur du diagnostic préimplantatoire.
Votations du 5 juin

En marge de l’article du 19 avril consacré aux tests prénataux, Susanne Clauss, sage-femme, dit notamment être opposée au diagnostic préimplantatoire (DPI), sur lequel nous votons le 5 juin.1 value="1">Lire S. Hochstrasser, «Couples seuls face aux tests prénataux – trois questions à Susanne Clauss», Le Courrier du 19 avril 2016. Permettez-moi de faire valoir une opinion opposée et d’expliquer pourquoi je suis favorable au DPI, aussi en tant que sage-femme. Il s’agit, rappelons-le, de donner aux futurs parents qui ont recours à une fécondation in vitro (FIV) le libre choix de dépister certaines pathologies spécifiques. Autrement dit, de pouvoir réaliser à un stade très précoce, avant l’implantation de l’embryon, ce qui l’est déjà aujourd’hui avec le diagnostic prénatal, sur des fœtus de 12 semaines bien installés dans le ventre de la femme enceinte.

Les femmes, les couples qui ont recours à une FIV s’y résolvent en raison d’un risque de transmission d’une maladie génétique grave ou pour cause de stérilité. Dans ce parcours toujours difficile, le DPI offre la possibilité d’éviter une «grossesse à l’essai»: il réduit les risques de perdre le futur bébé, suite à une fausse couche liée à des causes génétiques ou à une interruption de grossesse consécutive à un diagnostic prénatal négatif. Deux événements qui ne laissent jamais les parents indemnes: les sages-femmes, qui les accompagnent dans ces moments-là, ne le savent que trop.

Le DPI permet donc d’éviter aux parents de profondes souffrances. C’est aussi pour limiter la souffrance de ne pas concrétiser un désir d’enfant et de multiplier des traitements éprouvants que la nouvelle loi autorise à développer suffisamment d’embryons (12, contre 3 aujourd’hui) pour qu’une FIV ait de vraies chances de succès. La nouvelle loi permet aussi, en n’implantant qu’un seul embryon dans le ventre de la femme, d’éviter les grossesses multiples et les risques y relatifs, tant pour la mère que pour les bébés.

Ma collègue exprime son souhait «que l’on fasse une pause pour réfléchir, intensifier les règles et améliorer l’intégration des handicapés dans notre société». Mais la réflexion est en cours au Parlement depuis le début des années 2000 et le peuple a ouvert la voie au DPI à une large majorité le 14 juin 2015. Le DPI, tel que strictement encadré par cette loi, consiste en une palette limitée de questions diagnostiques et ne vise en aucun cas à choisir la couleur des yeux de l’enfant à naître. Pas plus qu’il ne veut éradiquer le handicap – lequel n’a d’ailleurs souvent pas de cause génétique.

S’il y a effectivement un enjeu éthique – et politique – crucial à améliorer l’intégration des personnes handicapées dans notre société, il y en a un autre, bien distinct, à prévenir le handicap et la maladie qui pourraient toucher des personnes n’existant pas encore. Comme le diagnostic prénatal, le DPI permet simplement aux femmes et aux couples concernés de prendre leurs responsabilités de futurs parents en toute connaissance de cause et de prévenir des souffrances évitables.
* Conseillère aux Etats, sage-femme.

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