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«Ne tombons pas dans le panneau des généralisations»

Revenant sur les évènements de Cologne, Florio Togni met en garde contre les amalgames et appelle à refuser, le 28 février, l’initiative UDC de «mise en œuvre du renvoi des criminels étrangers».
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Il faut le dire clairement d’entrée, les agressions envers les femmes lors de la nuit du 31 décembre à Cologne et autres villes d’Allemagne sont à condamner avec la plus grande fermeté. Rien, aucune culture ni religion, d’ici comme d’ailleurs, ne peuvent justifier de tels comportements qui bafouent la dignité humaine.

Ceci dit, il faut tout aussi clairement dire que ces actes sont à condamner en tant que tels et non pas en fonction de la nationalité, culture, religion ou autre de ceux qui les commettent. Surtout, ne collons pas d’étiquettes définitives et stéréotypées à des cultures et/ou religions. Partout dans le monde, pas plus ni moins ici qu’ailleurs, les discriminations envers les femmes (et envers des minorités) ont encore la vie dure. Chez nous aussi, ne l’oublions pas, le chemin de l’égalité est encore long, donc évitons de donner des leçons.

Si la condamnation est légitime et indispensable, essayons de ne pas juger et surtout de ne pas généraliser ces comportements en les faisant peser sur toute une communauté et sur les migrants dans leur ensemble.

Oui, parce qu’il s’agit d’un résultat sur lequel les agressions de Cologne ont déjà malheureusement débouché: stigmatisation, suspicion, condamnation, jugement de toute une communauté d’immigrés, surtout si celle-ci est nord-africaine et de confession musulmane.

Cela fait évidemment le beurre des droites xénophobes et populistes de toute l’Europe, qui n’ont pas tardé à s’approprier le sujet, trouvant dans ces actes odieux une confirmation de leur idéologie, de leur haine de l’autre et de l’incompatibilité entre «eux» et «nous».

Je le redis: condamner oui, punir les acteurs oui – quelles que soient leurs nationalités ou religions – mais refusons d’entrée tout amalgame entre culture, religion et actes criminels, refusons tout amalgame entre quelques centaines de personnes et des communautés entières de migrants fuyant les guerres et la misère, venus ici récemment chercher une protection, ou y vivant depuis des décennies avec leurs familles et leurs enfants.

Pour en revenir à la Suisse, un autre amalgame nous saute aux yeux. L’Union démocratique du centre (UDC) nous fait croire que son initiative pour le renvoi effectif des criminels étrangers, en votation le 28 février prochain, tombe juste, en permettant d’expulser les auteurs d’actes comme ceux de Cologne.

Ne nous laissons pas tromper: de tels renvois sont déjà possibles aujourd’hui, et si cette initiative est acceptée, ce ne sont pas que quelques centaines de migrants ayant commis des actes graves qui seront touchés, mais l’ensemble des migrants, potentiellement tous sur un siège éjectable, et surtout pour des délits mineurs (une bagarre par exemple, en cas de récidive).

Sans angélisme aucun, le moment est à la responsabilité et au refus de tout amalgame.

L’état de droit, la démocratie, le respect des institutions ainsi que l’intégration et le vivre-ensemble, voilà les valeurs sur lesquelles nous fonder pour combattre les actes odieux, ici comme ailleurs.

Commençons par voter non à l’initiative de l’UDC.
 

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