Contrechamp

Moyen-Orient: un échec planifié?

Après le «chaos constructif», la «guerre de démocratisation». Dans les Etats du Moyen-Orient, la vision géopolitique étasunienne «a produit une désintégration du tissu socio-économique, avec la crise migratoire en toile de fond». Analyse de Jérôme Gygax.
Géopolitique

En 2005, alors que les opérations militaires en Irak étaient en cours depuis deux ans, la secrétaire d’Etat américaine Condolezza Rice parlait d’adopter une stratégie de «chaos constructif» dans le cadre d’une refonte du «grand Moyen-Orient»Dans un article du New York Times du 25 novembre 2003, Leslie H. Gelb, président du Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations) prétendait que le maintien d’un Irak uni était une « illusion ».. Une décennie plus tard, la vision géopolitique étasunienne a produit une désintégration du tissu économico-social des Etats de la région avec la crise migratoire en toile de fondVoir la critique d’Imran Khan, « The Iraq war : the root of Europe’s refugee crisis » on Aljazeera, 09.09.2015. .

A l’heure où la France et la Russie se sont lancées sur le chemin des frappes aériennes contre les islamistes de Daech en Syrie, la perspective d’une trêve dans cette «guerre de proxy» par factions rebelles interposées semble plus éloignée que jamaisVoir Prof. Rashid Khalidi, « The beginning of this mess was the 2003 U.S. invasion of Iraq » sur Democracy Now, 01.10.2015 sur https://www.youtube.com/watch?v=zlxv0gHu1UE . Comment cette prétendue «guerre de démocratisation», caractérisée par une transition ratée vers la modernité politique, voulue par Washington, peut-elle se poursuivre au mépris des victimes civilesSamuel Huntington, auteur du « Choc des civilisation et la redéfinition de l’ordre mondial » (1996) avait publié près de trente ans auparavant un ouvrage intitulé Political Order in Changing World, Yale, New Heaven, 1968 dans lequel il admettait que « Modernization in Practice always involves change in and usually the disintegration of a traditional political system. » (p.35) ; Ce sont Edward Mansfield et Jack Snyder qui parlent de « Wars of democratization » dans Edward D. Mansfield et Jack Snyder, Electing to fight : why Emerging Democracies go to War, Cambridge, MIT Press, 2007. ? Quelles sont les chances de résolution politique, alors que la force militaire continue d’être envisagée comme le principal – voire le seul – moyen d’action?

Les agissements des milices islamistes d’obédience sunnite wahhabite, au cœur du Moyen-Orient, s’appuient sur des aides saoudiennes et américaines anciennes, avec le concours du proxy pakistanais et ravivées par le déclenchement des guerres d’Irak et d’AfghanistanL’historien Patrick Cockburn a expliqué comment la wahhabisation de l’islam sunnite par l’Arabie Saoudite, avec le soutien des Etats-Unis, représentait une grave menace pour la région. La relation entre l’ISIS, la CIA et l’Arabie Saoudite est exposée par l’ancien agent de la NSA Wayne Madsen http://www.waynemadsenreport.com/search?searchtext=isis . Voir également « Is ISIS A Tool of the Saudi State ? » on The Real News.com, 01.10.2014, témoignage de Ali Al-Ahmed, Institute for Gulf Affairs, http://www.gulfinstitute.org/ali-al-ahmed/ Une position soutenue par le sénateur Bob Graham : http://www.washingtonsblog.com/2015/05/bob-graham-and-the-missing-911-report-pages.html . Avec l’effondrement de l’Etat irakien, l’expression des aspirations concurrentes, d’ethnies et de factions chiite, kurde ou sunnite, a ouvert la porte à l’ingérence des voisins turcs et des monarchies du Golfe, pressés de combler ce vide de pouvoir dans une mêlée d’anciens ennemis, parmi lesquels se trouvent les alliés traditionnels de Moscou: la Syrie et l’IranCes aspirations sectaires ont été longtemps étouffées du fait du soutien apporté par les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, au régime autoritaire du Baas iraqien. .

Le développement de l’organisation dite de «l’Etat islamique» reflète cette complexité et permet à chacun de prétendre combattre «son» ennemi légitimeComme le souligne Myriam Benraad la « balkanisation » de l’Iraq n’a pas été acceptée par les populations. Myriam Benraad, Irak: de Babylone à l’Etat islamique, idées reçues sur une nation complexe, Aix-en Provences, Le cavalier bleu ed., 2015. Pour une génération de jeunes combattants qui n’ont jamais connu autre chose que la guerre, s’engager dans les milices de Daech est aussi un exutoire à la frustration et à l’absurdité vécues au quotidien. On prendra pour exemple ces villageois irakiens affichant leur soutien à Daech sans mobile apparent autre que l’espoir d’un changementVoir le récit de P. Cockburn, « Why join Islamic State ? » London Review of Books, Vol.37, No.13, 2 Juillet 2015, sur http://www.lrb.co.uk/v37/n13/patrick-cockburn/why-join-islamic-state .

La Syrie de Bachar El-Assad, pas plus que l’Iran, et encore moins les Etats-Unis, n’ont les moyens de réduire les agissements des fronts islamistes tant ceux-ci sont exempts de cohésion structurelle et d’unité de dessein, hormis l’aspiration prétendue au califatCompte-rendu du discours de Noam Chomsky, donné le 19 sept. 2015 à The New School, New York disponible online : « The United States, not Iran, poses greatest threat to World Peace », Democracy Now, 22 sept. 2015, . La confusion quant à la composition de ses rangs n’a jamais été aussi patente, une fuite a dernièrement révélé la présence de «rebelles» entraînés par les Etats-Unis en Syrie passés dans les rangs de Daech avec leur matériel militaire (munition et véhicules blindés)voir Helene Cooper, « U.S. Says Rebel it trained Surrendered Matérial in Syria » in New York Times, 25.09.2015.. La déclaration du colonel Ryder (Centcom, commandement central étasunien) est désarmante: «Nous mettons tous les moyens à notre disposition pour enquêter sur ce qu’il s’est réellement passé et trouver les réponses appropriées»ibid..

Moscou, faute d’avoir obtenu le droit de rejoindre la coalition internationale, requête refusée par les Etats-Unis, a fini par intervenir en bombardant à son tour les rebelles opposés au régime de Bachar El-Assad. Le Pentagone a fait mine de réviser sa stratégie en optant pour la fourniture d’armes et le soutien aérien à la coalition arabe ou «armée syrienne libre» tout en continuant à recourir au relais turc (OTAN) dans l’entretien des milices islamistes radicales« Russia kills US-backed Syrian rebels in second day of air strikes as Iran prepares for ground offensive » in The Telegraph, 01.10.2015. Notons que les Etats-Unis ont pris pour cibles de nombreuses infrastructures du régime syrien ces dernières semaines sous couvert de frappes contre l’Etat islamique. . L’attentat d’Ankara du 10 octobre dernier, attribué à Daech par le gouvernement turc de Recep Tayyip Erdogan, visait les opposants au conflit, portés par le Parti démocratique des peuples (HDP) de Selahattin Demirtas. Qui est finalement servi par cette violence politique?Hisyar Özsoy, membre du parlement turc n’hésite pas à faire porter la responsabilité sur le gouvernement turc en rappelant comment le parti de l’AKP au pouvoir, alliée des Etats-Unis a nourri et tire profit du terrorisme. Une position soutenue par le Prof. Soli Ozel, Kadir Has University dans Utku Basar, « Turkey Ponders HDP’s role in kurdish peace process » in AlJazeera, 26.10.2015.

Le chef du Kremlin n’avait-il pas à plusieurs reprises fait savoir, sans être entendu, que la crise migratoire était «inévitable» du fait de l’intervention américaine de 2003Intervention de V. Putin du 28 septembre devant la 70ème assemblée générale de l’ONU, reprenant la position exprimée lors du forum économique de Vladivostok, le 7 sept 2015: http://francais.rt.com/international/6446-vladimir-poutine-crise-miratoire-europe , une position partagée par le Prof. Rashid Khalidi, note supra no 3. ?

L’organisation Human Rights Watch avait quant à elle prévenu des risques de «crise humanitaire» sans précédent pour les populations en zones de combat. L’organisation avait très tôt demandé l’octroi de conditions de protection et la prise en charge des flots de réfugiés à venir, ainsi qu’une coordination au sein de l’ONUhttp://www.hrw.org/legacy/backgrounder/mena/iraq021203/iraq-bck021203.pdf. En juillet 2014, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) rapportait que quelque 2 millions d’Irakiens étaient sans domicile sur un total de 4 à 5 millions de réfugiés (y compris ceux de l’intérieur)http://watson.brown.edu/costsofwar/costs/human/refugees/iraqi . Pour la Syrie, le HCR fait état de 4 millions de réfugiés en septembre 2015, dont la moitié sont des enfantshttp://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php . Quant au nombre des morts civiles causées par la guerre, il atteignait le demi-million après seulement trois années de conflit. A combien en est-on aujourd’hui? Le compte a fini par être occulté par le flot de désinformation et faute d’études suffisamment précises, notamment en Afghanistan, pays dans lequel la plupart des statistiques reposent sur une «surveillance passive»http://web.mit.edu/humancostiraq/ , voir l’étude du Lancet citée sur : http://brusselstribunal.org/pdf/lancet111006.pdf. Sans parler des bavures et autres bombes solitaires dont souffrent les organisations non gouvernementales sur le terrainLa dernière opération meurtrière, conséquence d’un bombardement américain inexpliqué sur le camp de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz, Afghanistan faisant 19 morts, le 3 octobre 2015. .

Serait-ce simplement un effet de ce «chaos constructif» voulu par les membres du cabinet de George W. Bush et d’anciens cadres et conseillers de Ronald Reagan avant euxLa nouvelle approche de Washington concilie dans l’après Guerre froide les aspirations anciennes, depuis la doctrine Eisenhower, qui consistent à priver Moscou de ses soutiens régionaux au Moyen-Orient et de prévenir toute possibilité de projection de la puissance russe en direction du centre eurasiatique et du Golfe Persique. Israël étant l’instrument indispensable à cette refonte régionale. ? A l’époque des premiers bombardements, un colonel de l’US army avait déclaré à propos des bombardements en cours (en septembre 2004): «Si j’étais traité comme cela, je deviendrais moi aussi terroriste.» De tels propos, rapportés par le général britannique Nigel Aylwin-Foster, signifient que si le terrorisme est avant tout et banalement une «technique de guerre» qui consiste à prendre des civils pour cibles d’opérations militaires à des fins politiques, ce sont bien les forces coalisées qui ont délibérément usé de cette forme particulière et spécifique de violencecité dans Arnaud de La Grange et Jean-Marc Balencie, Les guerres bâtardes, comment l’Occident perd les batailles du 21ème siècle, Paris, Perrin, 2008, p.166.

Robert D. Crane, cofondateur du Center for Strategic and International Studies (CSIS, 1962)Biographie de R.D. Crane sur : http://www.twf.org/bio/RDCrane.pdf , on relèvera que le CSIS a été financé par l’argent des saoudiens et comprenait de nombreux anciens membres de la CIA parmis ses membres. Il est devenu l’un des think tank le plus influents en matière d’études sur le terrorisme après 9/11. relevait dans une correspondance adressées à l’adjoint du corps d’armée américain (Adjoint of Joint Chief of Staff) au milieu de la décennie 1960 comment les Etats-Unis, en s’alliant avec l’Arabie Saoudite (entièrement dépendante des technologies US) pourraient détruire les frontières de l’«ancien ordre» – produit des accords Sykes-Picot de 1916, porté par le traité de Versailles en 1919Lire la synthèse de Nadia Hamour, « La mise en place de mandats au Moyen-Orien : une « malheureuse innovation de la paix » ? in Le Magazine Moyen-Orient, août 2009. http://www.moyenorient-presse.com/?p=287 et Henry Laurens, « Comment l’Empire ottoman fut dépecé » in Le Monde diplomatique, avril 2003, pp.16-17. .

La «modernité économique» serait alors introduite au Moyen-Orient, en rendant toute renaissance du panarabisme impossible suivant les anciennes aspirations coloniales britanniques. R. Crane avait publié un ouvrage: Planning the future of Saudi Arabia, dans lequel il expliquait comment le Proche-Orient serait rattaché à l’Occident en suivant la «proposition américaine».

Alors que se succèdent les bombardements de drones en toute illégalité, la guerre civile ne crée pas que des victimes, mais entretient les espoirs de profits. Dans un article de 2001 sur les «guerres civiles de la post-bipolarité», le professeur Victor-Yves Ghebali rappelait que nombre de guerres civiles de l’après-guerre froide étaient en réalité motivées «par la recherche du profit économique à partir de la prédation systématique du patrimoine national d’un Etat implosé ou en voie d’implosion.» La disparition du contrôle étatique permet de fait la vente des ressources nationales à des multinationales ou à des organismes privés en mesure d’obtenir ces ressources au meilleur prix, alimentant des trafics illicites rémunérateurs tels que la drogue et les armes. La foire d’empoigne pour les juteux contrats pétroliers irakiens est encore dans les mémoiresV.-Y. Ghebali, « Les guerres civiles de la post-bipolarité : nouveaux acteurs et nouveaux objectifs » in Relations Internationales, no105, printemps 2001, p. 43 .

L’effort engagé afin de vendre la guerre contre Al-Quaeda puis Daech aux opinions occidentales a permis de masquer les intérêts géopolitiques et ceux des lobbys militaro-industriels. Nombre d’experts ont péché, par facilité, en puisant dans le mythe de la «violence salvatrice», répandu comme nouvelle fantasmagorie politiqueCeci se retrouve dans les débats en politique américaine pour les primaires. Voir les commentaires de Col. Lawrence Wilkerson, ancien chef de Staff de Colin Powell, « War Profits drive GOP Hawks » on the RealNews.com https://www.youtube.com/watch?v=br0mu7r-ak0 . L’Arabie et l’Egypte, toutes deux autocratiques, sont tolérées comme alliées dans ce combat, alors qu’elles commettent plus de violences et d’exécutions sur leurs minorités et dissidents que Daech. Juan Cole, professeur d’histoire à l’Université du Michigan, abordait l’amnésie américaine quant à son rôle dans cette guerre: «L’opinion américaine n’a souvent aucune idée de ce que les Etats-Unis ont fait dans ce pays (l’Irak) et jusqu’à ce que nous, Américains, assumions la responsabilité des torts causés par nos guerres à répétition, il nous sera impossible de nous défaire de cette pathologie guerrière qui nous conduit à faire usage de la violence dans les relations internationales comme nulle autre démocratie au monde.»cité par : http://web.mit.edu/humancostiraq/

Il en va de même des raisons qui ont poussé l’Iran à se doter de l’arme nucléaire, exposées dans les rapports de la CIA, et démontrant sans équivoque que le «chantage» de Téhéran est avant tout dissuasif (défensif), et non pas offensif comme le dit la «version officielle», inversant dans notre représentation l’équilibre des forces régionales faisant accepter aux opinions une interprétation du pire, de la «menace iranienne» formulée en termes apocalyptiques, alors qu’Israël a bâti sa politique de sécurité sur cette «menace existentielle»Termes employés par Benjamin Netanyahu à la 70e Assemblée générale de l’ONU sur The Times of Israël, 01.10.2015. , s’alliant à l’Arabie Saoudite avec la caution de WashingtonVoir « Israel and the Middle East : Seeking Common Ground, A Conversation with HRH Prince Turki bin Faisal and General Amos Yadlin », The German Marshall Fund, May 26, 2014, sur : http://www.gmfus.org/israel-and-the-middle-east-seeking-common-ground/. . Israël a par ailleurs démontré comment elle tirait profit de la paralysie de ses anciens adversaires pourvoyeurs de l’aide aux milices palestiniennes du Hamas et du HezbollahLa collaboration entre Israël et l’Arabie Saoudite, alliée dans un projet de frappe contre l’Iran a été exposé : http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/1.558512 .

Un voile a ainsi été tiré sur la vérité et affecte au quotidien nos médias, pour preuve ces rapports établissent le compte de 181 victimes civiles tuées par les frappes américaines contre Daech en SyrieKaren Yourish, K.K. Rebecca Lai et Derek Watkins, « Death in Syria », 14.09.2015, http://www.nytimes.com/interactive/2015/09/14/world/middleeast/syria-war-deaths.html . Un tel chiffre, aussi dérisoire qu’inexact, occulte toute possibilité de compréhension des milliers de victimes collatérales et accidentellesLire Glenn Greenwald, « U.S. Bombs Somehow Keep Falling in the Places Where Obama « ended Two Wars » in The Intercept, 30.09.2015, https://theintercept.com/2015/09/30/u-s-bombs-somehow-keep-falling-in-the-places-where-obama-boasts-he-ended-wars/ . On voit alors à l’œuvre les mêmes mécanismes, inlassablement répétés, par lesquels la réalité est biaisée, corrompue et distordue afin de servir les intérêts militaro-industriels dominantsLa proposition américaine de tripartitition, selon la notion de séparation éthno-confessionnelle, remplacée par l’approche de « provincialisation » en 2009 continue à nier l’identité nationale irakienne. .

Que se passera-t-il quand les théories les plus extravagantes véhiculées par la rumeur, portant sur de prétendus réfugiés-jihadistes venus semer la terreur en Europe, seront activées? Qui alors refusera d’être guidé, rassuré par l’adoption de nouvelles mesures sécuritaires expresses, mais «salvatrices»? La découverte récente de contrebandes d’armes et de munitions en provenance de Turquie à destination des espaces frontières de l’Europe s’inscrit-elle dans ce type de scénarios alarmistes?Umberto Bacchi, « Greece : seized tanker Haddad 1 concealed 5000 Shotguns « for Libya Islamists », International Business Times, 3 sept. 2015 sur : http://www.ibtimes.co.uk/greece-seized-tanker-haddad-1-concealed-5000-shotguns-libya-islamists-1518372

Comme dans la guerre de Trente Ans au XVIIe siècle en Europe, il y a aujourd’hui trop d’acteurs et de loyautés entremêlées à l’intérieur et à l’extérieur des pays engagés dans la guerre, doublée d’un conflit ethnique qui nous empêche d’en saisir les forces d’interaction et les rouages. Le terrorisme est une guerre menée contre les civils, une arme employée par toutes les parties, n’en déplaise à ceux qui s’obstinent à ne voir le mal que dans le «camp d’en face» et qui ferment les yeux sur les causes de ce chaos. La guerre civile est devenue ce que le Pr Ghebali appelait un «mode autonome de production de richesses» dans une nouvelle ère de conflits post-guerre froideGhebali, in op. cit..

L’Europe continentale semble vouée à payer le prix fort de cette refonte géopolitique avortée, produit de cette «guerre de démocratisation». L’Europe de l’Est et de l’Ouest ont fait voir leurs divergences sur la façon de gérer cette crisehttp://www.theguardian.com/world/2015/sep/05/migration-crisis-europe-leaders-blame-brussels-hungary-germany et le danois Mogens Lykketoft, en tant que nouveau président de l’Assemblée générale onusienne, a beau demander aux Européens de «se montrer solidaires», aucune mesure ne tire les leçons ni ne dresse le bilan des responsabilités des fauteurs de guerrehttp://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=35604#.VgnJy6K_dQM.

Régler la question des réfugiés passera par l’adoption d’une posture critique sur l’origine de cette débâcle et nous obligera à abandonner les «chimères» de la guerre et l’idée que la violence militaire peut remplacer les solutions politiques. Sans quoi nous ne parviendrons ni à répondre à la catastrophe humanitaire ni à endiguer la globalisation du conflit.

Opinions Contrechamp Jérôme Gygax Géopolitique

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