Armée suisse ou armée d’occupation?
Dans votre édition du 12 mai, Pascal Holenweg s’insurge contre les dizaines de millions qui devraient être dépensées par les contribuables genevois au profit de l’armée pour construire trois casernes. Avec un peu d’ironie, il propose de mettre ces bâtiments militaires sur le golf de Cologny, voir au stade la Praille, etc.
Je dois rappeler que l’armée suisse, occupe 64 hectares dans notre canton1 value="1">www.geneve.ch/conseil_etat/rapport_de_gestion/2004/doc/435_442_DAM.pdf:
1) Caserne des Vernets pour quatre compagnies avec terrain d’exercices, place de sports et halle à usages multiples;
2) Camp militaire de Cointrin pour une compagnie;
3) Village fédéral d’exercices d’Epeisses avec abri STPA pour une compagnie avec terrain d’exercices;
4) Place de tir de Chancy pour les armes d’infanterie excepté armes à trajectoire courbe;
5) Terrain d’exercices à Bernex avec stand de tir à 300 m/50 m/25 m et cantine;
6) Place d’exercices de St. Georges (utilisation en commun, propriété: Fondation de l’Arquebuse et de la Navigation);
7) 2 ha loués, zone alluviale du Vallon de La Laire.
Sans compter naturellement l’Arsenal (rue de l’Ecole-de-Médecine), avec esplanade et dépôts souterrains. On n’oubliera pas un dépôt secret de munitions à Bernex, sur les rives protégées du Rhône, etc. Pour rappel, l’armée n’est pas soumise à la loi sur la protection de l’environnement (ce qui se manifeste, par exemple, par les nuisances sonores des incessants ballets aériens d’hélicoptères à Plainpalais-Jonction).
L’armée utilise six stands de tir, Bernex (déjà mentionné), Veyrier, Versoix, Laconnex, Jussy, Saint-Georges. L’occupation de ces stands était, pour le tir à 300 mètres, de 9028 personnes en 2003, et passe à 6523 en 2004. Une chute de près d’un tiers. On notera cependant que le chiffre de tireurs ayant échoué leurs examens a explosé passant de 14 en 2003 à 33 en 2004!
L’armée a installé encore trois centres en Ville: Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, Centre de politique de sécurité de Genève, Centre international de déminage humanitaire.
Quand j’ai été enrôlé dans l’armée, elle comptait près de deux tiers de million de soldats, aujourd’hui on s’achemine vers une armée de 100 000 soldats. L’occupation de la place d’armes de Genève a passé de 134 980 nuitées en 2003, à 55 000 en 2004. Soit une baisse de 60% pour ces seules deux années connues. Comment expliquer qu’à Genève elle n’ait pas cédé un pouce de terrain?
Nul doute qu’il y aurait de la place pour accueillir ces trois casernes ailleurs qu’aux Vernets, sur les 64 hectares qu’elle occupe actuellement! Et comme l’armée suisse dépense chaque année près de 5 milliards, il doit y avoir quelques sous au fond de ses coffres pour construire trois casernes, à ses frais, au cas où ces constructions s’avéreraient nécessaires. Ce qu’il faudrait démontrer, en ayant aussi en mémoire la tuerie qu’elle a perpétré le 9 novembre 1932!
Il faut finalement observer le curieux vote des députés socialistes au Grand Conseil, qui ont accepté au garde à vous ces crédits militaires. Je savais que le Parti socialiste était pour la construction de logements, mais je n’avais pas saisi qu’il parlait aussi de bâtiments militaires!
* Membre du GSSA.
Notes