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Austérité contre les plus démunis

BERNE • Gros frein à l’endettement et allègements fiscaux… le canton se retrouve face à une perspective de coupes claires dans les secteurs publics sanitaire et social.

Le Conseil exécutif bernois, à majorité rose-vert, a présenté un nouveau plan d’économies drastique. Le Grand Conseil, à majorité de droite, en discutera à la fin novembre. Ces coupes représenteraient une économie de 231 millions (2014) à 491 millions (2017) de francs. La suppression de plus de 600 postes est prévue.
Parmi les institutions concernées par les mesures proposées, les CMS (aide et soins à domicile), les foyers pour personnes âgées et les établissements médico-sociaux sont violemment touchés, ainsi que la psychiatrie hospitalière et les institutions pour handicapé-e-s. Conséquences? Suppression de postes, pénurie de soins, coûts supplémentaires pour les patient-e-s et donc baisse de la qualité des prestations. Le plan propose également, entre autres, une diminution de la croissance de la masse salariale pour tout le personnel du canton et des postes en moins dans la formation, l’administration et la police.

Comment justifier alors ce démantèlement progressif des services publics et parapublics? Le canton de Berne ne se trouve pas à un niveau d’endettement problématique et le coût de ses services est normal; mais il est doté d’un frein à l’endettement rigoureux et s’astreint donc à présenter des budgets équilibrés année après année. On en est là. On en est là aussi à la suite des allègements fiscaux destinés aux plus fortuné-e-s; les derniers en date sont le refus de la population de supprimer les forfaits fiscaux et la réduction de l’imposition des véhicules.

Les réactions sont vives du côté des syndicats, institutions et associations. Leur mobilisation pourrait être l’unique moyen pour que le Grand Conseil renonce à certaines mesures. Les partis politiques restent eux fort discrets. Dans un contexte préélectoral (élections cantonales en 2014), le Conseil exécutif confirme son attachement à une politique de «composition» et prétend mettre le Grand Conseil, qui a soutenu toutes les baisses d’impôts, devant ses responsabilités.

En soumettant un tel plan, la majorité rose-vert du Conseil exécutif ne rend-elle pas toutefois la tâche très aisée à la droite? Certes, sa marge de manœuvre est étroite; il n’en demeure pas moins qu’elle a choisi de proposer des mesures brutales dirigées principalement contre une population déjà fragilisée. Difficile de saisir alors l’utilité d’une majorité de gauche au Conseil exécutif si celle-ci se rend complice d’une telle politique, voire l’initie.
 

* Paru dans Pages de gauche n° 127, novembre 2013, www.pagesdegauche.ch

Opinions Agora Cora Antonioli

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