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Genève doit faire mieux pour les jeunes en difficulté

INSERTION • Le canton de Genève devrait s’inspirer du modèle vaudois en matière de formation des jeunes en échec scolaire, selon Dominique Froidevaux, de Caritas.

Investir dans la formation est un levier décisif pour diminuer le risque de pauvreté. Experts, politiques et acteurs de terrain ne cessent de le proclamer. Une récente étude de l’Office fédéral de la statistique1 value="1">Pauvreté en Suisse, concepts, résultats et méthodes, OFS, Neuchâtel 2012. vient confirmer combien un déficit de formation peut s’avérer dommageable dans la trajectoire des individus et les conditions de vie des groupes familiaux. Le conseiller fédéral Alain Berset déclare vouloir en faire une priorité du plan national de lutte contre la pauvreté qui devrait être présenté au printemps 2013. C’est un des enjeux pour lesquels Caritas plaide depuis de nombreuses années. En veillant à ce que ne soient pas exclus celles et ceux qui rencontrent des difficultés pour répondre aux exigences croissantes requises pour s’intégrer au monde du travail.

Depuis une dizaine d’années, à Genève, les initiatives visant à offrir une réponse aux jeunes en difficulté qui restent sur le carreau à la fin de l’école obligatoire se sont multipliées. Pourtant il manque toujours une véritable stratégie d’ensemble. Notre Haute école de travail social a récemment organisé une journée pour faciliter un regard croisé sur les dispositifs genevois et vaudois. Il en ressort qu’une dynamique novatrice a pu être mise en place chez nos voisins avec des résultats encourageants: le taux de réussite des formations qualifiantes augmente, les jeunes en échec malgré tout peuvent bénéficier de nouvelles chances avec des mesures de soutien et d’accompagnement renforcées. Cela suppose un investissement de départ important. Mais, en fin de parcours, il y a moins d’assistés et davantage de jeunes qui entrent dans la vie active.

Quelles sont les clés de ce succès? Tout d’abord une volonté politique claire et portée de concert par différents départements: instruction, santé-social, emploi, finances. Cela a permis de mettre en place des bourses-formation en lieu et place de l’aide sociale sans prétériter les bénéficiaires. Une initiative exemplaire qui devrait devenir la règle pour l’ensemble des cantons suisses. Ensuite, une approche privilégiant des partenariats constructifs entre tous les acteurs qu’ils soient publics, associatifs ou relevant de l’économie privée. Des moyens sont donnés pour permettre de développer un encadrement soutenu, en principe 2 adultes pour 5 jeunes. Les financements arrivent sur le terrain et ne restent pas bloqués dans les officines bureaucratiques.

Le canton de Genève devrait pouvoir s’inspirer de telles pratiques. Il est urgent que tous les acteurs concernés puissent se concerter pour mieux se coordonner. L’avenir des jeunes est en jeu. Cela n’a pas de prix. La collectivité en sort gagnante si ses forces vives ne restent pas prisonnières de l’assistance.
 

Notes[+]

* Directeur de Caritas Genève. Texte paru dans Le Journal Caritas n° 479, décembre 2012.

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