Arts plastiques

L’art, outil de contestation et d’insoumission

La production artistique a aussi sa place dans le cadre interdisciplinaire de ce colloque international. Ce dernier est en effet conçu comme un espace public où la liberté de penser et l’échange libre permettent l’expression et la création de différents artistes. Il faut remarquer que la participation des divers intervenants est complètement bénévole, en accord avec l’esprit présidant à ce colloque. Ainsi, ces prestations artistiques et musicales représentent une offre altruiste pour les participants.
L’art en soi peut être un élément et un outil très important de contestation et d’insoumission. En fait, il tend à la politique un miroir permettant de la réfléchir. On trouvera donc une pluralité d’acteurs de différentes disciplines artistiques, qui considèrent l’art et la libre expression comme un moyen de manifester une pensée et des idées politiques, mais également comme une forme de réflexion. Ainsi différentes expositions seront visibles pendant le colloque: nous pourrons notamment trouver des dessins du Colombien Andrés Perez, qui veut symboliser sa résistance et laisser tomber dans l’oubli la douleur, la colère et la violence. Ou alors des photographies comme celles de Carine Roth et de Pierre-Yves Massot. Ces artistes essayent de nous montrer l’injustice du monde à travers ces photos qui évoquent les problèmes liés à la migration. On pourra y trouver aussi des vidéos comme celle de Cicero Egli, qui questionne l’art politique et ce qui conditionne vraiment la production culturelle. Il faut aussi noter que l’image qui constitue le symbole du colloque a été réalisée en 1974 par l’artiste chilien José Venturelli. La soudaine explosion de lave de ce volcan en éruption peut apparaître comme la culmination d’une passion politique: la colère, qui va de l’apathie à l’explosion.

A ces formes d’expression artistique visuelles, il faut ajouter le théâtre et la musique qui prendront place lors des soirées de ce colloque. La pièce de théâtre «Gauches» sera mise en scène par José Lillo. Ce dernier s’est illustré sur la scène alternative culturelle suisse romande avec son adaptation scénique des textes de Karl Kraus. Il mettra ici la force des mots au service d’un questionnement quant aux différentes significations du terme «Gauche». Côté musique, une autre soirée rassemblera les mots et la musique, avec des groupes qui nous amènent à penser cette dernière au-delà de la production de masse et pour les masses. On rencontre ainsi une vision de production artistique musicale beaucoup plus pensée, une musique qui nous mène à la réflexion, une musique qui nous dit des choses et qui ne reste pas dans la pure superficialité. Deux propositions dans cette soirée: tout d’abord deux groupes lausannois de la scène hip-hop alternative: La Gale (murder Rap), réputée pour ses lettres de dénonciation des injustices que peuvent subir des migrants de classes sociales défavorisées. D’autre part, RatSlab (rap, abstract and more), qui viendra nous déclamer sa poésie rythmée et vivante. Dans un deuxième temps, on pourra écouter le groupe genevois de poésie saignante balkanique Vagalatschk. Celui-là nous offre «une musique narrative et festive quoique saignante», pour dénoncer des situations de violence sociale desquelles on veut et on peut sortir et s’évader avec la musique et l’amour.

Enfin, toutes ces productions artistiques répondent à un besoin d’aller au-delà de la soumission aux marchés artistiques standards. C’est ainsi que ces artistes exploitent un pouvoir potentiel: le pouvoir d’agir, face à la domination de la culture de masse. Ils utilisent leur puissance d’agir et de création artistique pour contester, penser et réfléchir les situations actuelles de soumissions et d’injustice qui surviennent.

PATRICIA CRUSET-DELGADO,

ÉTUDIANTE EN SCIENCE POLITIQUE, UNIL

Culture Opinions Arts plastiques Contrechamp Patricia Cruset Delgado

Connexion