Contrechamp

«Le pire: mettre en place un monstre administratif»

La future législation fédérale devrait encadrer toutes les recherches menées sur des êtres humains. Sauf prochains développements, les sciences sociales ne devraient pas y couper. Le canton soumet d’ores et déjà les travaux des chercheurs en médecine à l’examen d’une commission d’éthique. Pour l’heure, psychologues et sociologues ne sont pas concernés. Fabrizio Butera, professeur en psychologie sociale à l’UNIL, fait part de ses réserves. «Sauf cas extrême, nos recherches n’ont pas d’impact direct sur la santé de nos sujets. Nos problèmes et nos exigences ne sont pas ceux des médecins.» L’obligation d’informer le sujet, ou d’obtenir son «consentement éclairé», figurent dans le pré-projet de loi ainsi que dans l’article constitutionnel. Un point qui suscite l’inquiétude de Fabrizio Butera. «Souvent, nous avons besoin de recréer en laboratoire des situations sociales proches de la réalité. Par exemple des examens factices, pour mettre la personne face à une situation d’échec et évaluer ses réactions. Pour ce faire, non seulement nous ne pouvons pas informer le participant, mais nous devons lui donner – temporairement – de fausses informations.» Fabrizio Butera voit d’un bon oeil la mise en place d’une commission d’éthique consultative. Mais il ne pense pas que les projets en sciences humaines devraient lui être soumis systématiquement. «Le pire serait de mettre en place un monstre administratif. Aux Etats-Unis, vous devez soumettre vos projets en début d’année et, une fois approuvés, vous ne pouvez plus y changer une ligne. Comment pourrions-nous alors mener des recherches sur l’actualité, par exemple la réaction des gens face à la crise financière?» A priori, il souhaiterait que la future loi instaure une distinction entre sciences sociales et médecine. Une position également défendue par la Fédération suisse des psychologues (FSP). LP

Opinions Contrechamp Lionel Pousaz

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