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Inverser la fatalité atomique

A ce jour, 94 pays ont signé et 73 ont ratifié le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Le Conseil fédéral refuse de signer ce texte. KEYSTONE / IMAGE D'ILLUSTRATION
Armes nucléaires

Joyeux Noël. Le 23 décembre, l’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires déposera un joli cadeau dans les chaussures du Conseil fédéral. En l’occurrence, ce dernier ressentira sans doute ce présent plutôt comme un seau de charbon dans les godasses qui lui servent de boussole politique. L’initiative demandant l’adhésion de la Suisse au Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) va certainement aboutir: 135’000 signatures, par rapport aux 100’000 paraphes nécessaires, ont en effet été récoltées par cette alliance des milieux progressistes, pacifistes et écologistes.

Ce traité vise à interdire les armes nucléaires en les déclarant illégales au regard du droit international. Il date de 2017 et est entré en vigueur en 2021. Quelque 94 pays l’ont signé et 73 l’ont ratifié. La Suisse, qui s’était fortement impliquée dans le processus, a depuis fait machine arrière. Le Conseil fédéral refuse en effet de signer ce texte. Contrairement à l’avis du parlement qui prône, lui, une adhésion au TIAN. A l’humaniste Didier Burkhalter a succédé le peu amène Ignazio Cassis, rappelons-le.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cet attentisme. Les nations dotées de l’arme atomique ont évidemment refusé de parapher ce traité. La Suisse cède ainsi de manière servile aux pressions bien réelles de ce club d’atomistes. Tout aussi inquiétant: ces atermoiements se font sur fond de rapprochement avec l’Otan. Une adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord signifiant que notre pays se place politiquement sous son parapluie nucléaire serait évidemment en contradiction totale avec cet accord international.

L’opposition têtue du Conseil fédéral est en rupture avec la sacro-sainte neutralité que l’on aime tant mettre en avant dans notre pays. Et tout autant en défaut avec le rôle de la Suisse comme place de négociation internationale. Car la course à l’arme atomique a redémarré à la vitesse grand V, dans un monde de plus en plus multipolaire et où le recours à la force est de moins en moins tabou.

Or, ces armes sont d’une obscénité totale, leur usage implique tout simplement la fin de l’humanité. Il importe d’inverser ce processus mortifère. Face à la surdité des autorités fédérales à cette fuite en avant, rendre la parole au peuple est sans doute la seule manière de faire sortir le gouvernement de son splendide isolement.

On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, l’initiative pacifiste bientôt déposée peut être vue comme une poignée de sel démocratique pour faire évoluer la politique étrangère suisse vers un minimum de bon sens.

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