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S’émerveiller du possible…

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J’ai promis une chronique positive, voire joyeuse, pour la fin de l’année: un défi dans notre société aujourd’hui! J’insistais, le mois dernier, sur l’importance des perspectives1> lecourrier.ch/2025/11/10/perspectives/ dans nos perceptions, nos émotions et nos jugements. Il devrait donc suffire d’en changer pour sortir de la morosité déprimante d’un automne froid et pluvieux. Essayons de bon matin («bon» n’étant pas forcément potron-minet!). J’ai la chance d’être au chaud, reposé et encore en vie, comme tous les jours qui précèdent. Mon cœur bat tranquillement, je respire régulièrement et retrouve mon environnement visuel et sonore familier, qui se raccorde avec celui qui m’avait endormi. Citons ici le grand philosophe Benoit Bunico 3: tout ceci relève du «Merveilleux dans sa banalité»2> Alias André Giordan, regretté didacticien des sciences à l’université de Genève, auteur de cette «comédie biologique», (1990)..

Le fonctionnement quotidien permanent de notre corps suppose des milliers de mécanismes physiques, chimiques et biologiques, qui concernent des milliers d’organes et des centaines de milliards de cellules. Tous·tes doivent se coordonner avec la plus grande précision pour produire le moindre souffle, le plus petit pas ou faire circuler d’imperceptibles gouttes de sang contenant des milliers de globules dans des vaisseaux capillaires si fins qu’invisibles à l’œil nu.

C’est tellement impressionnant que, quand on le réalise, on n’ose à peine continuer à respirer ou à avancer un pied devant l’autre! Tout corps humain en vie mérite un émerveillement biologique total: il est bien plus compliqué et performant que les plus époustouflantes merveilles technologiques. Il a aussi, en général, beaucoup moins de pannes entre sa conception et sa mort. D’ailleurs, après sa mort aussi, sa colonisation par des milliards d’organismes animaux et végétaux, différents de ceux qu’il hébergeait, tous merveilleusement vivants, en fait un autre sujet d’éblouissement intellectuel…

Bon, levons-nous! Notre cheminement vers la salle de bain est guidé par une multitude de capteurs sensoriels et d’automatismes nerveux, auxquels nous ne faisons guère attention, malgré leur nécessaire sophistication. Ce qui nous permet, en même temps, de raccorder notre pensée du jour à celle de la veille et celles d’avant, éventuellement développées inconsciemment en rêve (comme quand vous avez retrouvé, en dormant, un nom oublié la veille, ou bien une erreur dans un raisonnement, un calcul ou un programme informatique, pour ceux ou celles que cela concerne).

Ce raccord des journées successives et la continuité de la pensée dans un calendrier tranché en alternances veille-sommeil sont des merveilles d’ingénierie biologique. Ainsi que je l’avais déjà évoqué dans un livre3> A. Langaney, Le Sauvage central, (1991). qui a accompagné la faillite de deux éditeurs… avant d’être (peu) distribué par un troisième que je ne connais pas et remercie néanmoins de ce piratage (vous pouvez aussi l’emprunter ou le voler chez certaines de mes connaissances!).

Sortant de la douche, nous avons la chance, j’espère, de retrouver des êtres familiers et empathiques – compagnes, compagnons, progéniture, animaux familiers – avec lesquel·les nous échangeons quelques salutations, caresses ou banalités informationnelles ayant pour fonction de relancer un lien agréable. La culture, déjà présente dans certains détails du lever précédent, prend ici le relai, avec plus ou moins de pertinence et d’efficacité. Et la communication avec chaque être organisé: partenaire, animal, belle-mère, ficus ou œuvre d’art, peut aussi se révéler géniale par son déroulement programmé.

Après s’être récompensés par le plaisir, j’espère, d’un repas agréable, nous voici prêts à programmer la part de nos activités du jour qui ne l’est pas encore. Et à jouir autant de celles prévues et attendues que des bonnes surprises déposées par le grand loto du hasard sur notre chemin! Bienvenue sur l’autoroute quotidienne des plaisirs, grands et petits, et du bonheur d’être!

Notes[+]

Dédé-la-Science, un chroniqueur énervant.

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