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De la récupération en politique

Les élections du deuxième tour à Vernier sont suspendues pour la deuxième fois, après un premier round déjà invalidé pour cause de triche. KEYSTONE
Droits politiques

Les élections municipales qui devaient renouveler le délibératif de la ville genevoise de Vernier sont suspendues. Pour la deuxième fois; après que le premier round a déjà été invalidé pour cause de triche. Manifestement, l’opération bourrage des urnes a été renouvelée le week-end passé par des personnes dotées d’une désinhibition certaine.

Ce désastreux épisode pose de nombreuses questions. Quand le vote par correspondance avait été généralisé dans le canton de Genève en 1995, un mécanisme relativement développé de surveillance avait été mis en place pour détecter d’éventuelles tentatives d’influer sur le vote. En l’occurrence, rien d’illégal n’avait été trouvé pendant des années et le dispositif avait été allégé. Les deux épisodes verniolans successifs montrent qu’il faudrait peut-être songer à réintroduire un contrôle plus strict, même si cela doit coûter. La démocratie a un prix, assumons-le.

Deuxième aspect de ce pataquès, la récupération que tente d’en faire l’Union démocratique du centre (UDC). Cette dernière vient d’annoncer ce mercredi le lancement d’une initiative pour retirer aux résident·es étranger·ères le droit de vote dont ils et elles disposent au niveau communal après huit ans de vie locale.

On rétorquera que rien ne prouve que les auteur·rices de ces manipulations électorales soient des étranger·ères. On rappelle qu’une invalidation d’une élection à l’exécutif verniolan avait déjà eu lieu en 2008. Un candidat du Mouvement citoyen genevois (MCG) avait été recalé par le Tribunal fédéral1>Arrêt 1C_123/2008/col. Certaines des méthodes utilisées alors étaient similaires à celles en cause actuellement.

L’UDC nous fait donc le coup de tout ramener aux étranger·ères fourbes et cruel·les, selon le vieux principe du bouc émissaire qui lui réussit tant mais qui place le parti à l’extrême limite de l’échiquier politique. Seule bonne nouvelle dans cette affaire de scrutin malmené: le parti d’extrême droite vient d’échouer dans l’aboutissement d’une énième initiative sur la traversée de la rade. La raison serait facile à décliner en termes démagogiques: 40% des signatures étaient non valables. La faute aux étranger·ères? Le raccourci est un peu facile.

Tous les espoirs sont donc permis pour que cette nouvelle initiative qui prend les étranger·ères pour cible boive la tasse.

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