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L’austérité jusqu’en 2030?

KEYSTONE
Budget 2026

En septembre, ce fut imposé comme une évidence: après plusieurs exercices déficitaires, le Conseil d’Etat vaudois n’aurait eu d’autre choix que d’annoncer 300 millions de coupes pour respecter le frein à l’endettement dans son budget 2026. Dont une ponction «de crise» sur le salaire des fonctionnaires.

-> retrouver notre article du 3 décembre 

La majorité bourgeoise a ainsi cumulé deux fautes: laisser se développer un déséquilibre des comptes manifeste dès le début de sa législature en 2022, puis éviter toute négociation réelle sur son plan d’austérité. Les syndicats, eux, n’ont pas manqué leur riposte avec deux journées de grèves massives et un record de 25 000 personnes dans la rue qui ont déjà marqué l’histoire sociale du canton.

Inédit et révélateur, aussi: une commission des finances qui sort de sa passivité. Des dizaines d’amendements déposés, huit adoptés au gré de coalitions mouvantes… pour un résultat qui ne convainc ni une droite réclamant plus d’austérité au nom des charges, ni une gauche fustigeant l’absence de débat sur les recettes – et donc sur la fiscalité des plus riches. Alors même que salaires amputés et prestations dégradées frappent les couches populaires et moyennes, aucune «contribution de crise» n’est requise des plus fortuné·es.

En promettant un retour à l’équilibre d’ici 2030 tout en affirmant que la confortable fortune de l’Etat ne sera que marginalement sollicitée, le Conseil d’Etat annonce en creux plusieurs années d’austérité. Et tandis que sa stratégie financière ne sera dévoilée qu’au fil de 2026, l’issue du bras de fer autour du budget ce mois n’en est que plus décisive pour le futur à long terme des conditions de vie de la population.

À l’exécutif comme au législatif, la double majorité bourgeoise justifie ces choix par une prétendue «crise» des finances publiques. Pourtant, l’endettement du canton est au plus bas de son histoire: rien n’aurait empêché une politique plus ambitieuse et, à terme, un rééquilibrage qui n’hypothèque pas dès aujourd’hui la prospérité de la majorité salariée. A condition de mettre à contribution la minorité possédante.

Renoncer à cette alternative n’a rien d’une fatalité comptable, mais tout d’une vision politique ménageant certains intérêts au détriment d’autres. Et cela devrait dissiper tout doute sur le sens du combat mené par les travailleuses et travailleurs mobilisé·es, qui s’emploient à faire sauter ces «évidences» et à défendre les intérêts du plus grand nombre. Car les dégradations des salaires et des prestations publiques se répercuteront inévitablement sur les revenus, le pouvoir d’achat et les besoins sociaux de l’ensemble du salariat, y compris du secteur privé.