Près de deux mois après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu, on constate qu’il y a toujours une violation de l’accord côté occupation, des bombardements, des morts, des blessés, des incursions militaires dans plusieurs régions de l’enclave palestinienne… Malgré les accords, l’aide humanitaire internationale (la nourriture, les médicaments et l’eau potable) est toujours insuffisante à Gaza-ville.
Selon l’accord de cessez-le feu, 600 camions devraient entrer dans la bande de Gaza quotidiennement. Or, depuis des semaines, il y en a seulement 200 par jour, 150 dans le Sud et 50 dans la ville de Gaza. Les organisations internationales comme l’ONU et le Programme alimentaire mondial (PAM) le dénoncent, mais n’ont pas le pouvoir de suivre ces entrées. Dans les camions qui arrivent, on trouve quelques denrées alimentaires pour le secteur privé mais très peu de produits alimentaires ou sanitaires pour les organisations internationales. La ville de Gaza subit à nouveau la pression de l’occupation.
Malgré la petite amélioration due à l’arrêt relatif des bombardements après cet accord de cessez-le-feu illusoire, la population est horrifiée et fatiguée, mais n’a d’autre choix que de continuer à survivre en attendant la fin de l’occupation. La vie continue avec beaucoup de volonté, de détermination et d’espoir. On attend l’application de la deuxième phase [du «plan Trump» pour Gaza] pour voir s’il y a vraiment volonté d’aider la population civile de la bande de Gaza à retrouver un peu d’espoir.
Les familles palestiniennes de Gaza continuent à envoyer leurs enfants aux centres éducatifs, même visés, et dans des tentes éducatives afin de poursuivre les cours en attendant la réouverture des écoles qui sont soit détruites, soit occupées par des déplacés. Comme l’éducation est devenue une forme de résistance et de résilience en Palestine, et un signe d’espoir pour l’avenir, les élèves et les étudiants sont très nombreux à fréquenter les centres éducatifs en présentiel et les universités virtuellement.
Pour le moment, rien n’est évident. On n’a pas beaucoup d’informations concernant l’avenir politique de la bande de Gaza. Qui la gérera? Le gouvernement actuel? Le retour de l’Autorité palestinienne? Une autorité internationale selon le plan Trump? Pour commencer la deuxième phase du plan – le désarmement des factions militaires de Gaza –, il faut encore attendre plusieurs semaines. On entend parler de la création d’un gouvernement de technocrates palestiniens, c’est-à-dire d’hommes d’affaires, d’économistes, d’intellectuels, d’universitaires pour gérer la bande de Gaza pendant une période transitoire de trois mois en attendant soit de nouvelles élections, soit le retour de l’Autorité palestinienne.
Après deux ans d’agression (et des conséquences terribles au niveau humain, social, psychologique, et économique), 2,3 millions de personnes espèrent toujours un changement et la fin définitive de l’agression. Si 70% de la population est favorable à une solution à deux Etats et a apprécié la reconnaissance internationale de la Palestine par de nombreux pays, l’Etat palestinien ne se fera que sur le terrain et non sur le papier. Actuellement, il n’y a pas de continuité géographique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, ni de contrôle total sur tout son territoire par l’autorité palestinienne. Des check-points séparent les Palestiniens de leurs terrains, la colonisation a tout avalé et ne laisse rien aux autochtones.
Aujourd’hui, à cause de la colonisation, il reste moins de 18% des territoires de 1967 aux Palestiniens (je ne parle pas des territoires de 1948!). La majorité de la population est pour une solution à deux Etats, mais avant, elle veut savoir à quoi ressemblera son Etat.