Le suspense n’aura duré que quelques minutes. Les cartes des résultats des votations fédérales de ce dimanche affichent une couleur très nette. L’Initiative pour l’avenir et celle visant à instaurer un service citoyen ont toutes deux bu la tasse. Aucun canton n’a accepté l’un ou l’autre de ces textes.·

Pour la seconde initiative, qui ne récolte qu’un pénible 15,9% de oui, ce résultat s’explique sans doute par un double front du refus: non à une initiative visant à remplumer les effectifs de l’armée, notamment en y incorporant des femmes au nom d’une pseudo-égalité, et non à une proposition passéiste qui faisait peser de nouvelles obligations sur la jeunesse, alors que celle-ci n’est guère ménagée. On demande à cette dernière des efforts de mobilité, on lui impose des stages difficiles à trouver et les taxes de formation prennent l’ascenseur… De plus, à l’ère de l’hyper-individualisme, cette obligation de servir, au civil ou au militaire, passait mal.

Pour l’initiative visant à créer un impôt sur les grosses successions de plus 50 millions, on peut déplorer le résultat: 21,72% de oui, c’est maigre. En Appenzell Rhodes-Intérieures ou à Schwyz, champions du non, on tombe même sous la barre des 10%!

Seule la ville de Berne sauve l’honneur avec 50,72% de oui (ainsi que le petit arrondissement de Schelten dans le canton homonyme). A Genève, on trouve aussi trois arrondissements ancrés à gauche pour donner de très courtes majorités à ce texte, mais la ville, pourtant gouvernée par une majorité rose-verte, vote non à 60%…

Le but était pourtant de trouver des moyens pour assurer la transition climatique et environnementale. Manifestement, cela n’a pas convaincu. La charge utopique était sans doute trop forte, même l’Union syndicale suisse n’avait pas appelé au soutien du texte.

Reste que la question de la sortie de la société basée sur l’énergie fossile reste posée. Il faudra bien financer cette transition, si on veut assurer la survie de l’espèce humaine. La COP30 au Brésil s’est achevée sans que des décisions dignes de ce nom soient prises.

Faire payer les super-riches qui représentent à la fois, de par leur consommation ostentatoire, une partie non négligeable des émissions des gaz à effet de serre et qui font partie du problème, en ce qu’ils cristallisent le creusement des inégalités, faisait sens.

Mais en Suisse, où la prédation fiscale est devenue un sport, cela dépassait sans doute l’entendement.

Pour l’heure, les forces bourgeoises et leurs relais au Conseil fédéral exultent. L’atterrissage n’en sera que plus dur. D’autant plus que le score stalinien de ce week-end va freiner les ardeurs en la matière du camp progressiste.