C’est un de ces sujets de votations qui, soudain, voit un emballement politique se produire. La campagne a été chaude. Dimanche, on saura si le Souverain de la Ville de Genève donne un feu vert à la municipalité pour acquérir la campagne Masset –qui comprend la Villa Zep, du nom du créateur de Titeuf, actuel propriétaire du lieu– pour en faire un parc public.
Les référendaires –le PLR, l’UDC, le Centre et les Vert‘libéraux– estiment que le prix est trop élevé et que la Ville n’a pas les moyens de s’offrir un parc pour 21,5 millions de francs. Pour le coût de l’opération, la question peut être évoquée. Mais elle n’a guère de sens, ce genre d’objets immobiliers représentent une niche, les comparaisons sont impossibles. On peut admettre que le prix est élevé, certes, mais pas absurde au vu de la surface concernée.
La question des moyens est plus facile à trancher. Tout d’abord, il s’agit d’un investissement, les référendaires mélangent allègrement coût de fonctionnement et pari sur l’avenir. Et, surtout, si la Ville tire la langue au niveau de ses finances, c’est en raison des cadeaux fiscaux avec lesquels les partis référendaires n’ont eu de cesse de gaver leur clientèle, pourtant déjà fort bien lotie. Il y a une part d’hypocrisie à crier famine quand on a soi-même creusé le déficit. Et lorsque ces milieux proposent de faire jouer un droit de préemption, on leur rétorquera, pour autant que cet outil soit légal en l’espèce, que c’est bien la première fois ou presque que les milieux bourgeois saluent ce mécanisme habituellement qualifié de liberticide.
Le vrai enjeu est ailleurs, il ne peut être réduit à des espèces sonnantes et trébuchantes. C’est celui de l’accès des habitant·es de ce quartier à un espace vert de qualité. La ville ne cesse de se densifier, de pousser en hauteur et de s’étendre.
C’est bien de cadre de vie, d’espace de convivialité dont il est question. Cela ne se monétise pas, c’est le long terme qui doit prévaloir, le droit à une qualité de vie digne de ce nom. Cet enjeu de société doit primer. Les générations futures nous en seront reconnaissantes. Espérons que les votant·es de ce dimanche s’en souviendront.