C’est pourtant une excellente idée de pousser les jeunes, garçons et filles à s’engager pour la collectivité. Au seuil de ses vingt ans arrive le temps et l’envie de se frotter à diverses expériences et rencontres, à sortir de son cadre familial, à nourrir sa personnalité naissante pour préciser ses choix professionnels et personnels. Le temps aussi parfois de s’extraire de la tentation des existences illusoires du digital et d’une désespérance latente. Mais en fait qu’en pensent-ils?
Et nous, société, avons tant besoin des jeunes. De leur énergie, leurs regards neufs, leurs questions impertinentes parfois, ou de simplement les rencontrer plus souvent.
Alors pourquoi pas? Trop cher, dit le gouvernement. Ce qu’il ne dit pas, c’est le montant minimum de la solde pour un·e engagé·e au service militaire ou civil: 69 francs par jour, soit plus de 2000 francs par mois… de quoi susciter des vocations…
«Pas d’obligation militaire pour les femmes», clame la gauche et les milieux féministes. «Pas d’obligation tout court» pour celles qui se chargent déjà de tant de soins gratuitement. Pourtant cette initiative n’oblige pas au service militaire féminin comme le laissent parfois entendre certaines institutions trompeuses. Au contraire, le service armé sera laissé à celles et ceux qui le désirent. Il n’y aura de fait plus d’obligation de service militaire. Et comme les garçons, la grande majorité des jeunes femmes ne sont pas encore chargées de lourdes responsabilités. Elles sont au seuil d’une vie d’adulte qui gagnerait à s’enrichir d’un engagement civil.
Des emplois seraient menacés, vraiment? Les partis de droite nous surprennent à se soucier de ces emplois précaires qui pourtant ne seraient jamais remplacés massivement par des engagements temporaires de personnes non qualifiées.
L’initiative coûterait trop cher aux employeurs obligés de remplacer à leurs frais leurs employés engagés? Il s’agit de jeunes gens souvent en formation ou instables professionnellement avec pour la plupart un niveau de salaire peu élevé.
Alors pourquoi ne pas oser cette audace? En réfléchissant bien aux modalités d’application afin de garder l’attrait pour le service militaire. Et ainsi créer des ponts entre générations, entre régions, entre langues, entre civils et militaires… entre nous.
Fabienne Probst,
Aïre-la-Ville (GE)