Il était son grand-père, mais aussi son étoile nautique, son guerrier, son ange Gabriel, son prince des mers, son grand Mâma Kôrmamâ. C’est lui qui lui a appris à flotter sur le grand «Océan de l’existence», à tenir le cap dans les courants imprévisibles de la vie, à se laisser porter par le vent. Il était son capitaine, elle était son petit matelot.

Dans ce récit autobiographique, Fatou Diome retrace un de ses séjours sur son île natale de Niodior, au Sénégal. Là-bas, tout en profitant des interminables rituels familiaux qu’elle affectionne, la narratrice prend soin de passer le plus de temps possible avec son grand-père et de savourer chaque instant partagé avec lui, chaque rire, chaque sourire, chaque câlin. Car, malgré l’euphorie des retrouvailles, la matelote se rend bien compte que son capitaine n’a plus la même fringance d’antan.

Toujours aussi doux et sage, son souffle est cependant plus faible, son corps semble plus fragile. Fatou Diome, dans l’océan d’amour qu’elle éprouve pour son grand-père, doit naviguer avec l’inévitable épreuve du deuil à l’horizon. Le récit pourrait sombrer dans une noirceur décourageante et sa narratrice se noyer dans la fatalité.

Mais le navire tient bon. Aucune nuit ne sera noire, comme son titre l’indique, est un roman réconfortant. Bien qu’elle aborde des thèmes difficiles, l’écriture de Fatou Diome reste enjouée, toujours teintée de tendresse. Sous sa plume, la grande «rôdeuse des ombres» n’est finalement pas si effrayante. Car même après la mort, c’est bien son capitaine qui continue d’éclairer ses nuits. «Essuyez-donc vos larmes, personne ne dort au cimetière!»