Terreur, d’Arianne Jousse, raconte l’obsession dévorante d’une narratrice anonyme pour M.V., une actrice mystérieusement disparue. Le récit suit la quête de la protagoniste, à travers les mondes physique et médiatique, pour retrouver la célébrité. L’attraction pour celle-ci révèle le mal-être profond de la jeune femme et sa crise identitaire, marquée par des phases d’aliénation où elle se confond avec la vedette. Cette fascination l’incite à transgresser certains codes moraux, en stalkant la sœur de M.V., ainsi que les lois civiles, en usurpant l’identité d’une salariée lors de l’avant-première du film, grâce à son profil public sur internet. Au fil du récit, l’étrange se mêle à la réalité brute du monde de l’image et des réseaux sociaux.
Le roman joue avec la perméabilité entre l’intériorité tourmentée de la narratrice et son environnement perçu de manière déformée. Il met en scène le côté paradoxal de la fiction, à la fois fallacieuse et salvatrice. Ariane Jousse abolit ainsi avec audace les frontières, qu’elles soient littéraires, fictionnelles ou même rationnelles, au risque parfois de semer ses lecteurs et lectrices. Par moments, la cohérence et la symbolique de l’œuvre peuvent s’avérer déconcertantes. On pourrait notamment questionner le retour à soi final de la protagoniste, légèrement réducteur, qui s’opère à travers un rôle maternel qu’on lui impose. Il est également difficile d’appréhender le genre particulièrement hétérogène du texte qui traduit néanmoins la nécessité d’inventer de nouvelles formes pour représenter textuellement les enjeux liés au monde médiatique actuel.
Terreur nous permet ainsi d’entamer notre propre raisonnement sur la place de l’individu au sein d’une société voyeuriste, où réalité et fiction s’articulent de manière confuse et souvent trompeuse.