Et si rêver était un acte politique? C’est l’idée que développe Momtchil Milanov dans son premier roman, Le Ministère des Rêves. Entre conte initiatique et fable politique, ce récit presque dystopique nous plonge dans la cité imaginaire de Graystadt où un mystérieux ballon dirigeable s’est emparé du ciel et du calme. Son propriétaire, le baron Noulde, domine désormais la ville avec son armée et désire contrôler l’esprit des habitants en s’appropriant leurs rêves. Le petit Stern, coincé entre cette atmosphère pesante et les conflits qui déchirent ses parents, se réfugie dans ses songes. Guidé par un farfadet, il découvre Le Ministère des Rêves, lieu de fabrication des imaginaires nocturnes, où le Dr Unes lui fait part d’un constat alarmant: les manœuvres du baron Noulde causent l’arrêt progressif des générateurs de rêves. C’est donc sur les petites épaules du grand rêveur qu’est Stern que reposera la mission de remettre les machines en marche…
La conscience de la gravité de la situation se trouve tempérée par la légèreté d’un jeune esprit qui ne comprend pas tout ce qui se passe autour de lui: c’est aussi ce point de vue subjectif, partiel, qui donne son charme au roman. Milanov parvient avec brio à mêler le poids d’un monde politique en tension à la douceur de l’imagination enfantine et du monde des rêves, valorisés comme des outils de résistance et de survie. Qui de mieux qu’un enfant pour nous rappeler que l’imagination est notre plus grande force, même dans les situations les plus désespérées?
Cette chronique a été écrite par une étudiante en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre de l’atelier d’écriture animé par Marko Vuketic et Pierre Bellon.