Lorsque les droits fondamentaux sont attaqués, il importe de ne pas baisser la garde. La diffusion mardi d’un rapport de la commission de gestion du Conseil des Etats sur deux interdictions de territoire a de quoi alerter. C’est bien une liberté fondamentale – celle d’expression – qui a été niée dans deux récentes affaires, dont l’arrestation et l’expulsion du journaliste palestino-étasunien Ali Abunimah en janvier dernier.
Dans les deux cas, les procédures d’usage ont été foulées aux pieds. Ainsi, Ali Abunimah avait été invité en Suisse en bonne et due forme et la Fedpol (l’Office fédéral de la police) n’y voyait aucun danger pour la sécurité nationale. Ce sont les pressions indues de la police zurichoise sur la patronne d’alors de l’organe fédéral, auxquelles celle-ci s’est empressée de se plier, qui ont permis cette violation des procédures et des droits fondamentaux.
Cette capacité de s’affranchir des règles du droit – souvent maintenues dans un flou artistique lorsqu’il est question de police et de sécurité – est plus que problématique. Mardi, une soirée organisée à Genève par la section régionale de la Ligue suisse des droits humains pointait toute une série de dérapages policiers – les nombreuses morts de personnes racisées sont là pour le rappeler – qui montrent qu’une dérive est en cours. Pas seulement au sein des forces de l’ordre; c’est toute la chaîne du pénal qui mérite d’être scrutée. Trop d’affaires sont classées ou enterrées.
Ce problème n’est pas nouveau. Dès l’Antiquité la question de «qui me gardera de mes gardiens?» était déjà posée. Il n’est jamais trop tard pour y répondre fermement.