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Un casse peut en cacher un autre

La nouvelle Fondation Cartier a investi ses nouveaux locaux avoisinant le Louvre et propose 8500 mètres carrés au public. KEYSTONE
musées

La culture fait rarement les grands titres, encore moins en mondovision. Depuis une semaine pourtant, le spectaculaire vol de huit joyaux de la couronne française, au Louvre, tient en haleine rédactions et grand public. On suit l’affaire minute par minute, avec infos, spéculations et mèmes, entre fascination pour la dimension cinématographique de l’opération, outrage face à la perte patrimoniale ou schadenfreude anti-Français·es. Non sans railler au passage les gardien·nes du plus grand musée d’art du monde, cette bande d’incompétent·es.

Aussi spectaculaire qu’elle soit, la rapine n’aura, toutefois, que partiellement éclipsé l’inauguration samedi de la nouvelle Fondation Cartier, qui a quitté son écrin de verdure au boulevard Raspail, jugé trop excentré, pour rejoindre le cœur de Paris – toute la presse de la capitale en a parlé. Installé dans un îlot haussmannien voisin du Louvre, aux intérieurs puissamment remodelés par le bureau Jean Nouvel, le musée d’art contemporain propose 8500 mètres carrés au public, dont 6500 dédiés aux expositions.

Les travaux auront coûté quelque 250 millions d’euros. Ou très nettement moins, selon le mode de calcul, car la Fondation Cartier réalise une phénoménale opération publicitaire pour la marque de montres et bijoux, propriété du groupe genevois Richemont. Qui plus est, elle bénéficie de la loi Aillagon de 2003, qui offre au mécénat d’importants abattements fiscaux.

Ainsi, l’ouverture en 2014 de la Fondation Louis Vuitton, avec son bâtiment à 800 millions d’euros signé Frank Gehry, en plein bois de Boulogne, a permis au groupe LVMH de de récupérer plus de 500 millions d’euros en rabais d’impôts, a calculé la Cour des comptes. Selon la commission des finances de l’Assemblée nationale, entre 2004 et 2017, l’exonération fiscale pour les entreprises mécènes est passée de 90 à 990 millions d’euros par an.

Dès lors, les fondations liées à des marques se multiplient et ouvrent des musées mettant en valeur leur logo, si possible au cœur de Paris, réduisant au passage leurs soutiens aux musées publics. Ces derniers en souffrent, à commencer par le Louvre, qui doit être urgemment rénové et dont les dépenses augmentent aussi vite que les investissements étatiques s’amenuisent. Mais certains casses, on le voit, sont plus médiatiques que d’autres.