TotalEnergies vient d’être condamné ce jeudi par le Tribunal judiciaire de Paris pour greenwashing. Trois associations – Les Amis de la terre, Notre affaire à tous et Greenpeace – avaient estimé que la campagne de communication du géant des hydrocarbures dépassait les limites de la bienséance.
TotalEnergies avait en effet changé sa raison sociale pour toiletter son image de contributeur au réchauffement climatique. Ceci en affichant sa détermination d’être «un acteur majeur de la transition énergétique» et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Un peu fort de café. Quelque 96% de l’énergie produite par l’entreprise est issue des hydrocarbures. TotalEnergies produit certes du courant d’origine solaire et éolien, mais cette électricité verte provient souvent d’installations rachetées ou faisant partie de joint-ventures. Le groupe figure au 6e rang mondial des plus gros développeurs mondiaux d’hydrocarbures1>Le Monde du 27 mai 2024. Et il prévoit d’augmenter d’un tiers sa production de gaz fossiles d’ici 2030.
Pour se tirer d’affaire, ses avocat·es ont tenté un plaidoyer singulier: les messages attaqués n’étaient pas de la publicité ciblant des client·es mais de la communication. C’est en effet sous l’angle de la tromperie des consommateur·rices que la plainte avait été introduite.
L’instance de droit ne l’a pas entendu ainsi, estimant que l’entreprise avait délibérément induit en erreur les consommateur·trices en leur laissant croire qu’en achetant ses produits, «ils devenaient acteurs majeurs de la transition énergétique» vers une économie à faible intensité carbone.
Une bonne nouvelle: on n’a pas le droit de dire n’importe quoi. Ce type de propagande n’est bien sûr pas réservé à TotalEnergies. D’autres multinationales recourent aux mêmes subterfuges. On se rappelle de Coca-Cola qui, pendant les Jeux Olympiques de Paris, mettait en avant le fait que ses sodas étaient servis dans des gobelets réutilisables et pas des bouteilles en plastique. Problème: ces gobelets étaient remplis… à partir des bouteilles en plastique.
Espérons que ce jugement fasse jurisprudence et que d’autres entreprises indélicates soient sanctionnées. L’enjeu est trop important. La tempête qui a traversé hier la France et la Suisse est là pour nous le rappeler. La cadence de ces événements météorologiques hors norme a tendance à augmenter avec le réchauffement climatique. Rappelons que la concentration de CO2 a atteint un record en 2024, selon les chiffres de l’Organisation météorologique mondiale (notre édito du 16 octobre dernier). Cette urgence ne peut pas s’accommoder de propagande comme celle servie par le groupe pétrolier.
Notes