Le candidat Vert Nicolas Walder l’a largement emporté ce week-end lors des élections cantonales genevoises contre l’udéciste Lionel Dugerdil: plus de 5600 voix séparent les deux candidats. C’est un ouf de soulagement que les partis de gauche ont laissé échapper dimanche. Le Parti libéral radical (PLR) et le Mouvement citoyens genevois soutenaient tous deux l’agriculteur de Satigny; sur le papier, M. Dugerdil était en mesure de l’emporter au regard de la carte politique genevoise.
Moins connu que son adversaire, il a, avec une certaine démagogie il est vrai, en occultant son pédigrée d’extrême droite, tenté de capter les voix du centre. Un regard sur la carte des résultats montre que cela n’a que moyennement fonctionné. Des communes historiquement centristes, comme Lancy, ont voté majoritairement en faveur du candidat écologiste. Inversement, on constate que l’alliance PLR-UDC a fonctionné à fond. Des communes bourgeoises comme Cologny ou Vandoeuvres ont plébiscité l’udéciste.
Ce dernier réalise également des scores importants dans les cités d’Onex ou de Vernier, fait jeu quasi égal à Meyrin et l’emporte à Thônex. De mauvais augure pour les partis de gauche qui perdent du terrain dans cette couronne périurbaine dont la sociologie devrait leur être plus favorable. C’est en Ville de Genève, véritable bastion de la gauche, que Nicolas Walder a creusé la différence, avec une avance de 6479 voix!
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces résultats: premièrement, une reconquête des cités par la gauche est nécessaire. Cette question dépasse les partis institutionnels et concerne aussi la gauche extra-parlementaire qui doit surmonter ses divisions, si sérieuses soient-elles. La clé de la remontée de la gauche est là.
Deuxièmement, l’UDC a peut-être perdu cette élection, mais elle a profilé un candidat pour le prochain rendez-vous dans les urnes qui se tiendra au printemps 2028. La question qui se posera alors, en cas de recompositions de la carte électorale, sera de voir où – à gauche ou à droite? – l’UDC prendra son siège. Sur les bancs bourgeois, tant le Centre que le PLR et le parti de Pierre Maudet peuvent se sentir menacés.
Enfin, en dernier lieu, le maintien d’un Vert au gouvernement du bout du lac est une bonne nouvelle pour l’environnement et en matière de réponses à la crise climatique, enjeux qui tendent à être rétrogradés dans l’agenda politique. En cela, de rudes combats attendent le nouvel élu. Il y a des attentes de la population en matière de réduction de la pollution et du bruit, de lutte contre les îlots de chaleur ou d’accès à du logement social de qualité. Sur ces dossiers, les Vert·es et plus largement la gauche n’ont pas le droit de décevoir.