Alors que la liberté des citoyen·nes était en jeu à l’occasion de la votation du 28 septembre sur l’identité numérique et malgré le fait que rarement les médias n’avaient été aussi disserts à son propos, le refus a atteint plus qu’un honorable de 49.6 %.
Certes, c’est fort loin de l’écrasant refus à 64 % de 2022. En effet, il a fallu une astuce de la Confédération pour rassurer les électeur·trices d’une promesse de garantie publique de l’e-ID et de son contrôle pour que soit finalement validé l’invalidable au forceps. Oui, invalidable parce qu’il est faux d’affirmer que l’émission et la gestion de cette identité numérique ne seront que publiques. Elle sera au mieux d’ordre public-privé tant sa mise en place ainsi que sa gestion vont être dispendieuses, en ces temps de vaches maigres. Nos finances fédérales sont en effet déjà fort mises à mal par le pharaonique dépassement de coûts d’achat des nouveaux avions de chasse F-35.
Maintenant le pire est à venir, même si cette nouvelle loi se veut, a priori, non contraignante. Si tel était le cas, pourquoi avoir rédigé une loi? De toute manière cet argument a été avancé pour se défausser, car si ce ne sont pas les autorités qui feront le forcing pour exiger l’e-ID, les entreprises, elles, s’en charge-ront pour s’inscrire dans la modernité des contrôles et de la servilité technologique. Comment pourrait-il en être autrement alors que 70 % des employables recherchent du travail dans le secteur privé? C’est ce qui va nous attendre avec cette acceptation validée sans réflexion approfondie d’aucun syndicat, parti politique ou groupe d’influence.
Autrement dit, une petite majorité a voté pour l’aliénation identitaire et l’usage de ses corollaires qui vont en découler tôt ou tard: permis de conduire, extrait judiciaire, certificat de résidence, dossier médical, données fiscales, diplômes, contrats d’assurances, informations bancaires…. Certes, chacun consultable, en principe, en séparatif grâce à la magie du mille-feuille des clicks. Mais qu’adviendra-t-il en cas de piratage? Et quelles seront les conséquences lorsque la monnaie numérique sera introduite? Serons-nous toujours sûrs qu’il n’y aura pas d’interaction entre les données? C’est bien avant de voter qu’il aurait fallu se poser ces questions, car elles seront lourdes de conséquences sur la suite de notre existence dans une démocratie qui se veut exemplaire.
Léon Meynet,
Chêne-Bougeries (GE)