Un recul bien dans l’air du temps, à savoir le backlash réactionnaire qui lamine tout sur son passage. Le service civil est vu comme une menace pour les effectifs de l’armée par les partis conservateurs. La semaine passée, ils ont durci les conditions d’accès à cette alternative au service militaire. Un référendum a été lancé mercredi par une large coalition regroupant les partis de gauche, les milieux pacifistes mais aussi des associations ou des prestataires bénéficiant de l’engagement de ces jeunes qui préfèrent se rendre utile socialement plutôt que d’apprendre à tuer.

En effet, toute une série de tâches peineraient à être assumées sans l’apport de quelques 6800 jeunes civilistes. Cela va de l’aide à la paysannerie, à l’entretien de réserves naturelles, en passant par la prise en charge des seniors dans les EMS ou l’appui pour l’intégration d’enfants à besoins spéciaux dans les écoles primaires.

Le but des tenants d’une armée forte est de réduire de 40% le nombre de civilistes, via toute une série de mesures qui fleurent bon les brimades si chères à l’armée. Le pire est que cela risque d’être contreproductif, ne serait-ce qu’en raison de la forte mobilité géographique demandée aux jeunes en formation, qui n’est plus compatible avec les semaines passées à crapahuter dans la boue. Les demandes d’exemption pour cause médicale vont repartir à la hausse et tout le monde sera perdant. L’armée, qui n’aura pas davantage de troufions, et le service civil qui sera dépouillé au nom d’un passé mythifié où la Suisse n’avait pas d’armée mais était une armée, selon la formule de Max Frisch.

Espérons que les 50’000 signatures nécessaires seront récoltées en temps record et que cette loi néfaste et passéiste soit sanctionnée dans les urnes comme il se doit.