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Punition collective

Le cortège a été arrêté par la police sur le pont du Mont-Blanc jeudi soir. KEYSTONE
Genève

La réponse policière à la manifestation de jeudi soir en soutien à la flottille pour Gaza ne passe pas. Et pour cause, les forces de l’ordre genevoises ont abondamment utilisé gaz lacrymogènes, canon à eau, balles en caoutchouc et matraques. Un usage massif et disproportionné de la force qui a provoqué des réactions de panique au sein d’un rassemblement très majoritairement pacifique. Et c’est là que le bât blesse. Interpellée, la police justifie ses choix opérationnels par la «typologie» de la manifestation. Dans son viseur, 150 black blocs, selon ses estimations, en tête de cortège.  Des personnes vêtues de noir, masquées, portant des protections et s’abritant derrière une banderole renforcée, détaille-t-elle. Les forces de l’ordre expliquent avoir utilisé la contrainte après la tentative de forcer le passage  pour se rendre sur la rive gauche.

Ainsi, pour 150 personnes, quelques dizaines selon d’autres témoignages, au sein d’une manifestation qui en a réuni entre 3000 et 4500, la police a transformé la rive droite en gigantesque jeu du chat et de la souris. Dans le rôle de cette dernière, des soutiens au peuple palestinien, venu·es seul·es, avec des ami·es ou parfois en famille, mais également des passant·es, des usager·ères de la gare Cornavin ou des client·es attablé·es en terrasse. Des gens, dans leur immense majorité, sans aucune volonté d’en découdre avec les forces de l’ordre et qui témoignent dans nos colonnes d’un déferlement de violence policière ainsi que d’une gestion de foule chaotique et anxiogène. La réponse des forces de l’ordre a choqué de par sa virulence et son ampleur.

Dès lors, les explications des forces de l’ordre et de Carole-Anne Kast pour justifier l’usage de la force interpellent. Car les violences et déprédations invoquées se limitent à des tags, quelques vitrines brisées, du mobilier urbain abîmé et une confrontation avec des agent·es équipé·es pour y faire face. Si la police genevoise est incapable de gérer 150 personnes sans mettre sens dessus dessous la moitié de la ville durant plusieurs heures et sans faire peur à des manifestant·es pacifiques et des habitant·es ayant eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, il convient de revenir sur les événements, d’analyser les choix opérationnels et d’en tirer un certain nombre de conclusions. Mais en lieu et place d’une remise en question, la magistrate socialiste chargée de la police défend ses troupes, rejetant la faute sur des black blocs prétendument venus d’ailleurs. Ce «circulez, il n’y a rien à voir» est particulièrement inquiétant dans un Etat de droit. Petite lueur d’espoir toutefois, sur les ondes des la RTS, Carole-Anne Kast a assuré qu’une «analyse fine et opérationnelle», de l’action de la police serait menée.

Cet article a été modifié samedi 4 octobre afin d’y intégrer les propos tenus par la magistrate à la RTS.

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